Le chat potté 2, la dernière quête, de Januel P. Mercado, Joel Crawford, 7 décembre 2022
Deuxième opus des aventures du chat potté, le plus hidalgo des félins ! Sorti de l’univers des contes de fées, le chat potté est un voleur doublé d’un redresseur de tort type Robin des Bois. La séquence d’ouverture nous le montre ainsi festoyant dans le palais du gouverneur, acclamé des paysans à qui il a distribué maintes richesses… Tout le monde s’amuse, peut-être un peu trop puisque le vacarme réveille un géant : et c’est partie pour la première d’une longue liste de batailles épiques entre notre héros de petites taille et un adversaire redoutable.
Interprété par Antonio Banderas qui cabotine à qui mieux mieux, le chat potté est un héros souvent agaçant. Sa bravoure tourne à la fatuité, son intrépidité à l’inconscience. Et ce qui devait arriver finit par se produire : notre héros qui se croyait invincible a presque épuisé ses 9 vies. Le chat potté 2, véritable film d’action animé, se double donc d’une réflexion plus adulte sur le temps qui passe et l’inévitable : la mort, magnifiquement personnifiée par un loup (Wagner Moura, excellent) des plus inquiétants.
Les désillusions du chat héroïque échapperont certainement aux plus petits, perdus dans le maelstrom d’effets spéciaux, de bagarres virevoltantes et de rebondissements de dernière minute. Mais, s’il faut retenir quelque chose de ce film, réussi sur le plan visuel (mélange de 3 D et de crayonnages lors des ralentis) mais un peu moins d’un point de vue narratif, c’est bien cette adéquation – probablement involontaire – entre les injonctions contemporaines à remplir nos vies (de réussites professionnelles, de relations sociales, d’événements en tout genre) et la fuite en avant du chat qui semble avoir réussi mais demeure irrémédiablement seul au milieu de l’agitation qu’il a pourtant créée et désirée.
C’est cette peur de ne pas avoir assez d’une seule vie qui pousse le chat à partir à la recherche de l’étoile qui accomplit les vœux. L’intérêt de cette quête est de montrer que c’est moins la réalisation du rêve qui importe que les personnes croisées en chemin. L’intention du message – valable pour notre héros mais aussi pour Boucle d’Or, Kitty Pattes de velours et les autres personnages lancés à la poursuite de l’étoile – est louable mais cette supposée « profondeur » fait perdre au film son humour décalé, ce qui était pourtant une caractéristique de Shrek et de son spin-off.
Heureusement, il reste plusieurs moments réussis, quand les scénaristes choisissent de renouer avec l’originalité de la franchise : à savoir le détournement des contes de fées. Jiminy Cricket est hilarant, complètement dépassé face à la cruauté et l’absence complète de conscience d’un méchant industriel qui a fait fortune en vendant des tartes et en volant des artefacts magiques.
Les séquences au refuge pour chats sont également réussies : elles nous donnent à voir la déchéance physique d’un héros qui se laisse enfin aller, à vivre comme un gros matou gavé de croquettes…
A la fin, le chat potté s’offre la possibilité de revenir pour un 3e opus façon « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » mais les scénaristes sauront-ils faire preuve d’inventivité et nous surprendre encore ?
7 décembre 2022 en salle / 1h42min / Animation, Comédie, Aventure, Famille
De Januel P. Mercado, Joel Crawford
Par Paul Fisher (II), Christopher Meledandri
Avec Salma Hayek, Antonio Banderas, Florence Pugh, Harvey Guillen…
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