My Name is Gulpilil, Molly Reynolds, 31 août

Perdu au milieu des nombreux films qui font le buzz en cette rentrée 2022, un biopic sur un acteur aborigène. Sobrement intitulé My name is Gulpilil, le film réalisé par Molly Reynolds retrace la vie et la carrière de ce singulier acteur. Son nom ne vous dit peut-être rien mais son visage ne vous est certainement pas inconnu. Pendant plusieurs décennies, il a été l’acteur que les réalisateurs s’arrachaient pour représenter un héros autochtone australien dans leurs films. Il a tourné pour Wim Wenders, Nicolas Roeg, Rolf De Heer, Peter Weir… Jusqu’à sa mort, à 68 ans, survenue en 2021, Gulpilil n’a jamais cessé de jouer devant la caméra, alternant entre gros succès au box-office (Crocodile Dundee, 1986 ou Charlie’s Country pour lequel il obtint le prix du meilleur acteur dans la sélection Un Certain Regard à Cannes en 2014) et films plus confidentiels, comme Mad Dog Morgan de Philippe Mora avec un Dennis Hopper toujours aussi halluciné qui, pendant le tournage, l’initie aux drogues les plus dures !

Charlie’s Country, Rolf De Heer, 2013, copyright Nour Films

My name is Gulpilil alterne extraits de films et entretiens avec Gulpilil. Jamais dupe des sirènes du star-system, volontiers cabotin, l’acteur égrène les anecdotes comme autant de tranches de vie dont on ne sait jamais si elles sont réelles ou fantasmées, notamment lorsqu’il évoque la reine d’Angleterre qui délaisse fourchette et couteau pour manger avec ses mains.

Crocodile Dundee, Peter Faiman, 1986.

De ses débuts émerveillés, à peine extrait du bush, découvrant Cannes et New York au gré des festivals, aux revers d’une vie gangrenée par les addictions, Gulpilil a toujours eu à cœur de partager un peu de la culture et de l’histoire de sa communauté avec les spectateurs. Corps insaisissable dans Walkabout (La Promenade, 1971) de Nicolas Roeg ou visage fermé, en auxiliaire malgré lui de l’assimilation forcée dans les pensionnats (Le chemin de la liberté, 2002), Gulpilil est un acteur capable de tout incarner, de ne jamais se cantonner à un seul rôle.

La promenade, Nicolas Roeg, 1971.

Son jeu, très naturel, presque instinctif comme il l’admet volontiers, puise dans ses souvenirs et s’enrichit tout au long de sa carrière grâce aux émotions qu’il est amené à interpréter ou à ressentir sur les tournages. Conçu comme un retour aux sources sur les différents lieux choisis comme décors par les réalisateurs, ce documentaire émouvant (Gulpilil, atteint d’un cancer, se savait condamné) associe joliment mémoire, parole et image tel un ultime hommage au cinéma qui l’a révélé et porté.

Le Chemin de la liberté, Phillip Noyce, 2002.

31 août 2022 en salle / 1h45min / Documentaire
De Molly Reynolds
Avec David Gulpilil

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