And just like that, diffusé sur Salto, décembre 2021
A la fin des années 1990, Sex and the City a accompagné le passage à l’âge adulte de nombreuses téléspectatrices. Impensable donc de rater le sequel intitulé And just like that, diffusé actuellement sur HBO aux USA et en France sur Salto. Les héroïnes new–yorkaises ont vieilli, certaines ont même changé de vie et déménagé à Londres. Le quatuor se retrouve amputé de l’une de ses plus fortes personnalités, Samantha Jones (magnifiquement interprétée par Kim Catrall).
Les media ont largement glosé sur l’absence de l’actrice – et ses supposés démêlés avec sa co-star Sarah Jessica Parker qui se seraient envenimés depuis une dizaine années et l’abandon d’un 3e opus filmique. Si la franchise perd une talentueuse actrice dont le potentiel sarcastique donnait un certain relief aux épisodes, d’un point de vue scénaristique, l’absence de Samantha est parfaitement justifiée.
L’ambiance n’est plus aux rencontres d’un soir via speed datings, soirées hype, rendez-vous mondains, concerts ou repas arrangés, les filles sont toutes mariées, en apparence heureuses de leur nouvelle normalité (sous ses dehors provoc, Sex and the City ne racontait que ça : la quête du mari parfait) et leurs conversations tournent moins autour du sexe que des problèmes causés par leur progéniture.
Exit donc Samantha Jones et ses acrobaties sexuelles, ses multiples partenaires, sa soif de jouissance et d’égalité – voire de domination – au lit.
Et bonjour à une nouvelle génération de mères ou d’épouses : Carrie n’a pas d’enfant mais elle coule des jours heureux avec Big. Au bout des 20 premières minutes de And Just Like That la peur nous étreint au ventre. Nos intrépides célibattantes sont-elles devenues des Desperate Housewives ? Les tenues portées sont désormais consensuelles, les discussions manquent d’humour (20 minutes laborieuses sur la nécessité ou non de teindre ses cheveux blancs et sur comment se saluer avec la COVID), on a presque envie de zapper mais on change d’avis quand…
Michael Patrick King a l’excellente idée de montrer deux des protagonistes en fâcheuse situation, complètement dépassées, larguées par les us et coutumes de notre époque. On a beaucoup reproché à Sex and the City première mouture de ne pas montrer assez de personnages issus des minorités, qu’elles soient ethniques ou sexuelles. Reproche somme toute injustifié puisque que rappelons-le, la série se déroulait au sein d’un milieu très aisé, majoritairement blanc, celui de Park Avenue, de l’Upper East Side… Depuis, Obama a été élu, la société américaine semble avoir – un peu – évolué (n’oublions pas Trump aussi facilement !) et les media sont saturés de Woke moments, de podcasts animés par des personnalités LGBTTQQIAAP, et Carrie participe donc à une émission animée par Che Diaz interprétée par l’acteur-activiste Sara Ramirez… sauf que Carrie est très mal à l’aise et passe pour une auteure coincée.
Miranda, quant à elle, a abandonné son poste d’avocate associée pour reprendre des études et intégrer une firme défendant les intérêts des opprimés mais elle ne cesse de professer des horreurs en voulant prouver qu’elle n’est pas raciste. Vu l’importance des nouveaux personnages racisés, toutes issues de minorités ethniques, toutes femmes, il semblerait que les hommes ne seront plus au centre des préoccupations de Carrie, Miranda et Charlotte et que la série insistera davantage sur les mérites de la sororité… afin de faire passer au 2e plan la rivalité entre les 2 stars (la « gentille » Sarah Jessica Parker et la « grande gueule » Kim Katrall) ?
Attention spoilers. Sauf qu’à la fin du premier épisode, Big disparaît du tableau final dans une séquence qui a déchaîné les réactions des internautes (Carrie l’a laissé mourir !), fait chuter les actions de la marque Peloton (faire du vélo d’appartement est mauvais pour la santé !) avant d’être elle-même rattrapée hors écran par l’actualité post-Me Too. Comme si voir nos deux héroïnes accaparées par leur vie domestique, boire des soupes dans des restaurants vegan ne suffisait pas, le Chris Noth adoré par toutes les spectatrices qui n’avaient pas complètement réglé leur Oedipe est accusé d’agressions. Forcément un personnage qui dévorait des steaks, fumait des cigares et écoutait du jazz ne pouvait qu’être un salaud. Finalement, Michael Patrick King a peut-être eu raison de se débarrasser de Mister Big, dernier vestige de la masculinité toxique. Comme aurait dit Samantha « Putain d’époque ! »
Depuis 2021 / 42 min / Comédie, Drame, Romance
Créée par Michael Patrick King
Avec Sarah Jessica Parker, Cynthia Nixon, Kristin Davis
Nationalité U.S.A.
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