J’arrête quand je veux (smetto quando voglio) : 6 août

J’arrête quand je veux est le premier long-métrage de Sydney Sibilia. C’est une farce aux ressorts grotesques qui démarre sur les chapeaux de roue et s’essouffle progressivement tout en conservant une charge satirique féroce et très juste sur le clientélisme universitaire et les jeunes diplômés précaires. L’intrigue est simple : un brillant chercheur, acculé par le manque d’argent et refroidi par une énième promesse non tenue de son directeur de thèse, décide de résoudre ses problèmes financiers en commercialisant une smart drug; à savoir, une molécule non répertoriée sur la liste des substances actives prohibées par le gouvernement italien, une drogue tout à fait légale !  Pour la fabriquer et la vendre, il recrute d’autres jeunes (et moins jeunes) docteurs aussi désespérés que lui : un chimiste, plongeur dans un restau chinois, deux latinistes employés dans une station service, un historien de la Rome Antique reconverti en ouvrier, un expert en macroéconomie qui vivote en comptant les cartes de poker, un anthropologue au chômage…

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L’historien de la Rome Antique…

Le film démarre fort, très fort : la peinture, ultra-caustique des milieux universitaires, sonne très juste. Pietro (Edoardo Leo) est un courtisan servile qui espère encore bénéficier du réseau d’influence de son directeur de recherche. Malheureusement pour lui, le contrat permanent qu’il convoitait est attribué à un autre « disciple »; la présentation de Pietro s’est avérée trop « excellente », en mettant en lumière les lacunes de son maître, il s’est complètement grillé pour la recherche universitaire. Et de toute façon, son directeur (Sergio Solli, épatant de justesse) est bien trop occupé à essayer de comprendre le fonctionnement de son smart phone pour continuer à lui prêter attention.

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La première partie du film met ainsi en scène plusieurs personnages de chercheurs broyés par l’institution. A bac + 10, sans aucune expérience professionnelle, éternels étudiants, ils se trouvent réduits à accepter des jobs sous-payés quand encore, on accepte de les embaucher ! Le tragi-comique des situations est servi par d’excellents dialogues qui suscitent immanquablement des fous rires. L’anthropologue, spécialiste des comportements humains, tente de berner un patron de maçonnerie en adoptant une attitude de dur à cuire pour décrocher un emploi mais son langage trop soutenu (‘une âpre querelle juridique’) révèle sa véritable identité…

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L’anthropologue…

La suite du film est dans la même veine, le comique reste fondé sur l’inadéquation des moyens utilisés pour affronter certaines situations de la vie réelle qui risquent rapidement de dégénérer à cause de la puérilité et de la maladresse sociale des docteurs honoris causa. Ainsi, les latinistes passent le plus clair de leur temps à se livrer à de brillantes joutes oratoires mais leur rhétorique n’est d’aucune aide à Pietro, complètement empêtré dans les conséquences -irresponsables- de son projet. Quant à Alberto (Stefano Fresi), le chimiste créateur des précieuses capsules, sa rigueur scientifique qui le pousse à tout tester personnellement, le fera plonger dans la dépendance aux drogues -de plus en plus dures !

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Alberto, un chimiste qui deviendra bientôt accro…

Les scènes de couple entre Pietro et sa compagne réservent aussi pas mal de moments très drôles, notamment quand Giulia se pose des questions sur le look -de plus en plus exubérant – et les sorties -de plus en plus nocturnes- de Pietro. Le réalisateur a pris soin de faire de Giulia une sorte de dindon de la farce, à qui l’on cache l’échec du recrutement au centre de recherche, puis la nouvelle situation de dealer… et pour cause, la jeune femme est assistante sociale dans un centre d’aide aux toxicomanes ! Le film empile avec bonheur un certain nombre de situations plus cocasses les unes que les autres – avant que le seul véritable personnage féminin du film ne soit mis au parfum. Et c’est à partir de ce tournant scénaristique que le film se fourvoie -un peu- dans une sorte de pastiche involontaire -ou d’hommage trop appuyé – à Ocean Eleven ou les productions de Guy Ritchie. Les costumes sont tout much, la photo devient encore plus criarde qu’avant et le rythme s’accélère avec des rebondissements improbables… Mais, bon, J’arrête quand je veux, sous ses abords de comédie all’italiana grotesque, pose de véritables questions sociales et remplit à 100% son contrat de divertissement populaire estival.

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Pietro, de retour d’une virée nocturne…au labo de recherche.

Date de sortie : 6 août 2014
Réalisé par Sydney Sibilia
Avec : Edoardo Leo, Valeria Solarino, Valerio Aprea, Stefano Fresi, Paolo Calabresi…
Genre : Comédie
Nationalité : Italien

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