La dernière vie de Simon, Léo Karmann, 5 février
Les incursions des réalisateurs français dans les films de genre sont suffisamment rares pour que l’on salue ceux qui risquent. Pour son premier film, Léo Karmann a imaginé un personnage, Simon, capable de changer d’apparence et de prendre le visage des personnes qu’il a touchées un jour. Rien ne sera dit de la genèse ou des causes de ce super pouvoir. D’ailleurs, la caractérisation des protagonistes est limitée au strict minimum, ou plutôt à une caractéristique saillante. Ainsi, Simon est orphelin, en recherche d’amour paternel et maternel et Madeleine, qui deviendra son amoureuse, est atteinte d’une malformation cardiaque. Quant au père de Madeleine et de Thomas, il est miroitier, et pourtant incapable d’avoir une image précise de ses enfants.
Les récits basés sur une usurpation d’identité sont nombreux au cinéma et on pense immanquablement à Alfred Hitchcock qui a érigé ce ressort scénaristique en oeuvre d’art en part entière. Avec La dernière vie de Simon, on lorgne plutôt du côté de Spielberg tant sur le fond (Arrête-moi si tu peux) que sur la forme. Les enfants sont au premier plan et les jeunes années de Simon, Madeleine et Thomas occupent la première moitié du film. Le travail sur la lumière, alternance de couleurs saturées et d’ambiances claires-obscures, rappelle aussi les films cultes des années 1980, d’ET aux Goonies.
Ce premier film se distingue par un sens inné du story-telling, avec un style très américain. Léo Karmann et sa co-scénariste Sabrina B. Karine sont parvenus à nous faire croire à cette histoire improbable, filmée de manière réaliste, libérée de tous les attributs et effets spéciaux des blockbusters fantastiques traditionnels.
Mais, les qualités de ce premier film sont aussi ses défauts ; le postulat fantastique de départ est trop peu exploité, il ne semble être prétexte qu’à l’histoire d’amour sacrificielle entre Madeleine et Simon. Néanmoins, nul doute que cet amour romanesque filmé dans de somptueux décors bretons saura plaire à un large public. Mention spéciale aussi à Martin Karmann, aux yeux bleus à la fois hypnotiques et super angoissants, qui incarne à merveille ce jeune homme aux multiples identités.
5 février 2020 / 1h 43min / Fantastique
De Léo Karmann
Avec Benjamin Voisin, Camille Claris, Martin Karmann
Nationalité française
Bande-annonce LA DERNIERE VIE DE SIMON – En salle le 5 février 2020 from jour2fete on Vimeo.
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