First love, le dernier Yakuza, Takashi Miike, 1ier janvier 2020.

Pour commencer l’année en beauté, pourquoi ne pas se jeter à corps perdu dans la nouvelle course folle du controversé réalisateur japonais Takashi Miike, First love, le dernier Yakuza, quinzaine des réalisateurs à Cannes 2019 ? Avec ce thriller survolté amoureux des grosses cylindrées, Miike signe un film plus traditionnel et beaucoup moins violent qu’Audition (1999), Ichi the Killer (2001) et Visitor Q (2001), oeuvres qui ont assuré sa renommée de cinéaste sulfureux transgresseur de tabous. Certes, l’hémoglobine coule à flots et toutes les institutions en prennent pour leur grade : la famille, qu’elle soit mafieuse ou de sang, prostitue et sacrifie ses membres, l’hôpital est le haut-lieu de l’incompétence, la police est corrompue

Au milieu de ce beau monde surnage un boxeur taciturne (Masataka Kubota) qui, les soirs où il ne combat pas, officie comme serveur dans un restaurant miteux tenu par des chinois. Ces derniers, nouvellement arrivés au Japon, ont leur propre mafia qui commence à grignoter le territoire naturel des yakuzas. Leo le boxeur n’a pas d’amis, pas de famille, et vit pour lui-même, sans rien demander de plus que pouvoir monter sur le ring. Or, après un retentissant et inattendu KO, on lui diagnostique une tumeur au cerveau. Commence alors le vrai récit de ce premier amour naissant d’une série de quiproquos macabres autour d’une cargaison de drogues, après une exposition du personnage principal plutôt tranquille.

Difficile de définir le style de Miike… On soulignera le soin apporté aux cadrages et à la photographie qui soulignent les tourments intérieurs des héros, la présence de longs travellings et d’autres effets de caméra qui offrent au spectateur quelques respirations mélancoliques au milieu d’attaques sanguinolentes pistolet gros calibre ou arme blanche en main. Ajoutez à tout cela une bonne dose d’humour noir, une séquence animée psychédélique, et des héroïnes – une jeune veuve vengeresse japonaise et une tueuse à gage chinoise- qui contrairement à l’amoureuse de Leo, n’ont rien de demoiselles en détresse, et vous obtenez un film à la fois typiquement japonais et diablement personnel.

En effet, malgré son ton délibéremment parodique et potache, First love se révèle bien plus trouble qu’il n’en a l’air. En renvoyant dos à dos le policier corrompu et le jeune mafieux qui, las des traditions familiales désuètes, souhaite faire cavalier seul, Takashi Miike fustige l’individualisme qui pousse les hommes sans foi ni loi à se croire plus malins que les « anciens » ou les héritiers de la tradition. Dans un final à la fois granguignolesque et crépusculaire, le dernier des yakuzas n’est pas celui qu’on croit… ou peut-être que si et le réalisateur signe alors une déclaration d’amour, à peine déguisée, pour un monde, celui des yakuzas, en pleine mutation, lui aussi victime des effets de la mondialisation.

Date de sortie : 1 janvier 2020 (1h48min)
De Takashi Miike
Avec Masataka Kubota, Nao Ohmori, Shôta Sometani…
Genres : Action, Policier
Nationalité : japonais

 

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