Mini critique estivale : Yesterday, Danny Boyle, encore en salles

Aux manettes de Yesterday, comédie romantique musicale dystopique (imaginez un monde qui n’aurait jamais connu – ou plutôt qui aurait oublié- l’un des plus grands groupes de pop de tous les temps, à savoir les Beatles), on retrouve our lad Danny Boyle mais aussi Richard Curtis, scénariste des bluettes so British Quatre mariages et un enterrement (1993), Coup de foudre à Notting Hill (1998) et Le Journal de Bridget Jones (2001). Du coup, la critique de l’industrie musicale qui semblait être la toile de fond de cette histoire d’amour contrariée perd de son tranchant et se limite à quelques scènes juste cocasses à Los Angeles, lors de la grande messe de lancement marketing, ou en aparté, au bord de l’océan Pacifique, dans les huit-clos presque angoissants avec la manager prédatrice nord-américaine (excellente Kate McKinnon). La présence d’Ed Sheeran au générique dans un rôle pas si secondaire que ça (c’est lui qui propulse un humble prof mélomane au sommet de la gloire) frise l’auto-promotion complaisante alors que la juxtaposition de ces propres œuvres standardisées et aseptisées avec celles, oh combien plus complexes mais également limpides et évidentes des Beatles, mettait en lumière le manque de panache et de vision artistique des tubes contemporains. Si Himesh Patel, l’interprète des reprises des Beatles dans Yesterday s’en sort haut la main (la séquence où il hurle son désarroi en chantant Help ! dans son village natal sonne très juste), le reste du casting, bien que fort sympathique, ne parvient pas à vraiment susciter l’intérêt, leur évolution reflétant les interactions stéréotypées habituelles dans les films scénarisés par Curtis : on retrouve ainsi le bon copain loufoque adepte de la boisson et des drogues (c’était Rhys Ifans dans Coup de foudre à Notting Hill, c’est Joel Fry, plus afro que jamais ici), le couple de meilleurs amis, barbants mais gage de normalité

L’intérêt de Yesterday réside bien dans le postulat initial, non dans la romance entre un artiste qui souhaite s’affranchir de son job alimentaire et de son amoureuse transie qui lui sert de manager tant qu’il échoue lamentablement, puis freine des quatre fers – à la fois côté job et côté romance –  lorsqu’il est sur le point de percer… allez, comprendre ! Mais revenons au postulat initial : que serait un monde sans les Beatles ? eh bien, un monde triste, sans poésie, sans Yellow Submarine, sans imaginaire, un univers morne, incapable de voir la beauté d’une allée en briques d’une cité ouvrière (Penny Lane), sourd à la souffrance et à la dignité d’une Eleanor Rigby, une terre asservie aux lois du marché et aux nombres de likes, régurgitant des milliers d’hommes et femmes déshumanisés, lancés à la face du monde comme des produits à consommer instantanément, sans réfléchir… et mais n’est-ce pas le monde dans lequel se réveille Jack Malik ? Chanter les Beatles n’est alors pas qu’un moyen d’accéder à la célébrité en usurpant leur talent mais une manière de réenchanter le monde. Merci Danny, sacré farceur va, de nous l’avoir rappelé !

Date de sortie : 3 juillet 2019 (1h 57min)
De Danny Boyle
Avec Himesh Patel, Lily James, Ed Sheeran…
Genres : Comédie, Musical
Nationalité : britannique

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