Wonderland, le royaume sans pluie, Keiichi Hara, 24 juillet

Projeté au festival d’Annecy, Wonderland, le royaume sans pluie, le dernier film du réalisateur japonais Keiichi Hara (après Miss Hokusai) déboule sur nos écrans le 24 juillet. « déboule » convient parfaitement à ce film ultra-divertissant, qui prend la forme d’un road-trip à travers des univers à la fois steampunk, féériques et bucoliques.

Soit Akané une jeune fille un peu réservée qui au monde extérieur préfère son lit et la tranquillité douillette de sa chambre à coucher. Un flash-back nous la montre pourtant comme une fille populaire, entourée de nombreuses amies qui l’estiment et se placent sous son leadership naturel. Mais de la vie typiquement japonaise de la demoiselle, on n’en saura pas plus car le réalisateur nous la propulse dans une aventure sidérante où les repères et frontières établis par l’espace et le temps sont complètement chamboulés.

Tout commence dans la boutique d’antiquités tenue par sa tante. En plaçant sa main dans une empreinte gravée dans une mystérieuse pierre, Akané fait apparaître Hippocrate, un Monsieur guindé au chapeau haut de forme recouvert de symboles mystiques. Il est accompagné d’un minuscule petit être, son disciple Pipo, qui l’assiste dans ses fonctions savantes. Hippocrate, étrange personnage surgi d’un passage secret, est en fait un alchimiste qui reconnaît en Akané la déesse du vent vert.

L’idée et la morale du film sont simples : il faut dépasser son petit confort personnel pour s’accomplir. Comme tout héros de Bildungsroman (roman initiatique), Akané doit quitter le cocon douillet de son foyer et affronter ses peurs. Elle traverse le royaume de l’Araignée qui tisse – mais aussi détisse– le temps, puis un champ d’amarantes crête de coq, le joyeux domaine de l’Immense Oiseau, des moutons-oreillers et des tisseurs de pulls, un peuple d’agriculteurs qui se méfient de la technologie.

Elle poursuit son périple via un désert où souffle un vent destructeur, elle se rafraîchit au pays des nénuphars et des carpes géantes, elle s’émerveille devant des montagnes enneigées qui malheureusement perdent peu à peu de leur splendeur… et bien d’autres mondes étranges avant d’arriver au terme de sa quête, la cité royale où depuis plusieurs mois le jeune héritier est plongé dans un sommeil inquiétant.

L’animation et la conception des différents univers magiques est irréprochable; le graphisme est de toute beauté pour cette adaptation d’un livre jeunesse de Sachiko Kashiwaba (son roman Le mystérieux village voilé dans la brume avait d’ailleurs inspiré Le voyage de Chihiro).

Le film est accessible aux plus jeunes, à partir de 7 ans. Les personnages steampunk de  Zang et Doropo qui poursuivent le gang de l’alchimiste en semant la désolation et la destruction sur leur passage incarnent l’envers du monde bucolique royal, une face métallique et noire de suie. Néanmoins, ils restent suffisamment kawai (mignons) pour ne pas effrayer les jeunes spectateurs.

D’ailleurs, au terme de la quête d’Akané, même Zang et Doropo connaissent une évolution morale positive : d’antagonistes craints, ils se transforment en auxiliaires irremplaçables. Les spectateurs plus âgés apprécieront derrière la fable écologique, la réflexion sur les méfaits de l’industrialisation ou les dangers du tout-technologique ; certains comme Mister Geek y verront peut-être une critique nationaliste de l’Occident par le Japon impérial traditionnel. Dans tous les cas, un divertissement familial estival d’excellente facture qui pour ses paysages enchanteurs émerveillera petits et grands.

Date de sortie : 24 juillet 2019 (1h 55min)
De Keiichi Hara
Avec Mayu Matsuoka, Anne Watanabe, Masachika Ichimura…
Genres : Animation, Fantastique
Nationalité : japonais

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