Liz et l’oiseau bleu, Naoko Yamada, 17 avril
Liz et l’oiseau bleu met en scène un orchestre de musiciennes qui doivent interpréter un dernier morceau avant de voler de leurs propres ailes, certaines vers l’université, d’autres vers le conservatoire. Les fans de la série de romans Sound! Euphorium d’Ayana Takeba seront ravis de ce spin off cinématographique, ceux qui ne connaissent pas cet univers auront peut-être beaucoup de mal à s’intéresser à cette histoire d’amitié aux dialogues répétitifs, malgré la beauté de la palette graphique, toute en douceur et nuances, et le travail remarquable sur le son avec l’intégration de bruits du réel (pluie, pas) dans la musique du film.
Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce nouveau film de la réalisatrice japonaise Naoko Yamada. D’abord une peinture de mœurs adolescentes au sein d’un club de musique où règne une forte émulation : les filles s’observent, s’affrontent à « maux couverts » (il convient de ne pas exprimer ouvertement ses sentiments, nous sommes au Japon !), se félicitent, s’encouragent… Puis, un film dans le film avec les séquences qui transportent le spectateur en Europe, à la poursuite de l’oiseau bleu, d’après la partition fictionnelle (que doivent jouer Nozomi et Mizore), elle-même inspirée de la pièce de théâtre éponyme créée en 1908 par Maurice Maeterlinck.
Las, ce traitement du « conte »original mis en abyme nous est apparu extrêmement plat, sans réelle magie ou inventivité visuelle, à la limite de la niaiserie, un peu comme si nous nous retrouvions « au pays de Candy. » Mais, peut-être le film adresse-t-il à un public très jeune. Hypothèse qui ne tient pas vraiment quand on se penche sur l’histoire principale reflétée par la partition et le conte : l’amitié entre deux filles totalement opposées, l’une très extravertie et populaire, l’autre renfrognée et solitaire, à la limite de la dépression. Au sortir de l’adolescence, nous avons tous connu des amitiés très intenses, de celles qu’on croit que rien ne pourra détruire. Mais les sentiments entre Nozomi et Mizore sont finalement assez malsains. Mizore n’est rien sans Nozomi, sa dépendance affective est telle qu’elle étouffe sa personnalité et son talent personnel est cannibalisé par son double.
Peut-être certains codes sociaux propres au Japon nous ont échappé (dans cette histoire, l’individu se doit d’exceller et se soumettre à un modèle qui dirige le collectif) mais malgré l’harmonie de la partition musicale (qui telle l’oiseau bleu nous élève), nous n’avons pas accroché…
Date de sortie : 17 avril 2019 (1h 29min)
De Naoko Yamada
Avec Atsumi Tanezaki, Miyu Honda, Houko Kuwashima…
Genres : Animation, Drame
Nationalité : japonais
Commentaires récents