Mango, Trevor Hardy, 6 février 2019

Réalisé en stop motion, le long métrage d’animation britannique Mango se déroule dans un réseau de mines fictionnel, Galerie Ville, habité par une tribu de taupes qui cohabite avec des belettes, des lapins et d’autres animaux de la forêt.

L’entente tranquille au sein du petit village est troublée par les tentatives d’expropriation d’un chat supporter du Chayern de Munich, équipe dont il est propriétaire. Les mineurs ayant toujours fait front pour conserver leur gagne-pain, l’homme d’affaires véreux décide de leur forcer la main. La première moitié du film est consacrée aux tentatives de sabotage menées par le vieux Calcul, traître et sbire aux ordres du méchant aux longs ongles.

La reconstitution des galeries est très soignée, avec pléthore de détails techniques à la fois réalistes et drôles : les petits garçons (et peut-être aussi certaines filles !) s’émerveilleront du ballet des pelleteuses et autres impressionnantes machineries permettant d’excaver, de percer, de soulever terre et gravats. Le suspense, savamment entretenu, va crescendo jusqu’à l’accident final qui entraîne la mort du régisseur de la mine, le père du héros éponyme, Mango, petite taupe qui ne voulait pas endosser l’héritage familial et se rêvait footballer.

L’industrie et le foot, deux maillages de la société britannique des Midlands. Mais loin de renvoyer l’industrie à un passé révolu, et d’associer le football à un présent synonyme de gloire et de paillettes, le réalisateur Trevor Hardy les intègre habilement à une intrigue qui érige la solidarité et la fraternité en ciment de paix sociale. Les différents inserts de mines à ciel ouvert symbolisent bien le mépris des multinationales pour la Nature et le bien-être des populations qu’elles exploitent sans vergogne.

A l’autogestion démocratique des petites taupes s’oppose la cooptation, la soumission et l’humiliation comme modes de travail et de recrutement. Le réalisateur pastiche les codes du film noir –avec le mouton en femme fatale- et ceux du film d’espionnage, avec des clins d’œil à Docteur No; le visage du grand méchant, montré de dos, ne nous est pas révélé immédiatement, on n’aperçoit que sa main velue, reposant sur un accoudoir. Pour autant, le film ne reste pas enfermé dans un réseau de références cinématographiques plus accessibles aux adultes qu’aux enfants. Il propose ainsi une relecture féministe et contemporaine de la figure du savant fou qui, ici, prend les traits d’une petite belette, la meilleure copine de Mango ; elle manie davantage la clef à molette que le rouge à lèvres.

Réussissant l’improbable pari de concilier la bataille pour la mine et l’ascension de Mango, taupe aveugle pourtant sélectionnée par l’équipe nationale de foot britannique, le film comprend aussi une époustouflante course poursuite, et de nombreux moments d’émotion joliment amenés, sans aucune mièvrerie.

On connaissait les studios Aardman pour leurs formidables personnages (Wallace et Gromit, Shaun le mouton et ses copains) qui avaient aussi signé Cro Man, jolie fable animée sur le football et la résistance face à l’oppression, bienvenue aux petites taupes des Midlands !

Date de sortie : 6 février 2019 (1h35min)
De Trevor Hardy
Genres : Animation, Famille
Nationalité : britannique

MANGO Film annonce français from Septième Factory on Vimeo.

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