Sélection bouquins été : Dead Man’s Walk (Larry McMurtry), Des hommes sans femmes (Haruki Murakami)…
Les vacances sont enfin là : on cherche tous des bouquins à glisser dans un coin de sa valise, suffisamment longs pour occuper nos interminables farnientes à la plage mais bien écrits pour nous donner envie d’aller jusqu’au bout de sa lecture. Dans des genres différents, pour les grands et les petits, on a sélectionné 5 ouvrages.
- Dead Man’s Walk (ou pour la version française La Marche du Mort, traduit et publié en juin 2017 chez Gallmeister).
Les amateurs de western n’ont peut-être pas besoin qu’on leur présente Larry McMurtry, auteur de la quadrilogie Lonesome Dove, adaptée à la télévision sur trois décennies, en 1989, avec dans les rôles des personnages principaux, Angelica Huston, Tommy Lee Jones, Robert Duvall, et Diane Lane, en 1996, avec David Arquette et Jonny Lee Miller incarnant à leur tour les mythiques rangers Augustus McCrae et Woodrow F. Call mais aussi en 2008. La série de 1989 se distingua par une reconnaissance critique et publique méritée, étant couronnée par sept Emmy Awards et deux Golden Globes.
L’écrivain texan a remporté le prestigieux prix littéraire Pulitzer pour son roman Lonesome Dove, publié en 1985. Si Dead Man’s Walk narre la jeunesse de l’improbable duo formé par Augustus McCrae et Woodrow F. Call (l’un est un alcoolique hâbleur accro au jeu et aux prostituées, l’autre un solitaire cérébral et loyal), il a pourtant été écrit tel un prequel après le succès de Lonesome Dove. Mais qu’importe, la recette est toujours la même et l’auteur n’a rien perdu de sa verve truculente et son sens de l’héroïsme.
Attention, si les ouvrages de McMurtry mettant en scène ses rangers préférés sont haletants, ils restent très réalistes dans leur peinture d’un Ouest sauvage en grande majorité peuplé d’êtres opportunistes sans foi ni loi. Ici, pas d’angélisme ou de romantisme. Si les rangers sont chargés de protéger les colons s’installant dans des terres encore chevauchées par de nombreuses tribus d’indiens nomades, ils n’en demeurent pas moins, à l’exception de Woodrow qui développe au fil des ouvrages un sens moral impressionnant, des hommes perdus, au passé trouble et violent, qui servent le plus offrant. La légende de la Frontière est écornée : les hommes qui prétendent faire resplendir les lumières de la civilisation sur des terres soi-disant rendues plus hostiles par l’héritage bâtard hispanique et autochtone sont des vendeurs d’esclaves qui n’hésitent pas à assouvir leurs besoins les plus primaires avec des gamines mexicaines de 10 ans, des généraux enguirlandés de médailles alors qu’ils passent la plupart des batailles cachés dans des wagons à cuver leur vin et des mountain men, certes plus respectueux de la Nature et des us et coutumes des Indiens, mais profondément individualistes et roublards. McMurtry soigne l’ensemble de ses personnages et certains des héros secondaires comme l’attachant capitaine mexicain Salazar ou le trappeur « Bigfoot » Wallace, basé sur la figure historique William A.A. Wallace, restent longtemps dans les mémoires, une fois la dernière page du livre tournée.
Bref, un must read.
[NDLR : le livre que nous avons lu et chroniqué est la version originale en langue anglaise publiée chez Pocket Books]
- Des hommes sans femmes, Haruki Murakami, 10/18, avril 2018.
Un titre intriguant pour un recueil de sept nouvelles où la solitude d’hommes qui n’arrivent pas à faire le deuil de femmes mortes, parties avec d’autres, ou simplement rêvées, est prétexte à une méditation mélancolique sur les méandres tortueuses de l’existence. Le point commun entre ces différentes nouvelles n’est pas forcément la présence fantomatique de la femme mais la voix de l’auteur-narrateur. Même s’il ne l’affirme pas pour l’ensemble de ses nouvelles (il l’écrit de manière très explicite dans plusieurs néanmoins), Haruki Murakami s’est inspiré de faits biographiques. Ces hommes sans femmes, il les a croisés à un moment de sa vie d’écrivain et il a voulu leur rendre hommage…
Ces hommes, aux occupations ou professions très dissemblables (un chirurgien esthétique, un étudiant qui préfère la cuisine à la fac, un patron de bar, un acteur de théâtre…), partagent pourtant un événement fondateur, une rupture, dissemblable à chaque fois, mais similaire dans ses conséquences : une bifurcation vers une nouvelle vie entraînant une marginalisation sociale qui leur offre pourtant de voir et comprendre l’existence avec de nouveaux yeux. C’est l’obsession pour une chanson des Beatles qu’on chante contre toute attente dans un dialecte (le Kansai) méprisé par ses amis, c’est la découverte de l’infidélité de son épouse qui pousse un VRP à abandonner son métier et à se reconvertir en patron de bar jazz fréquenté par quelques solitaires, ou c’est encore la sonnerie du téléphone au milieu de la nuit (« La sonnerie d’un téléphone en pleine nuit, c’est toujours brutal. Cela peut faire penser à quelqu’un qui essaierait de démolir le monde à l’aide d’une lourde barre de fer ») et enfin, plus radical, la transformation d’un insecte en homme (quand l’auteur revisite La Métamorphose de Franz Kafka)
Dans les univers à tiroirs de Murakami, le surnaturel côtoie le merveilleux. Mais, ici, pas d’effets spéciaux hollywoodiens ou de Godzillas déchaînés : plutôt des notes d’absurde qui font dérailler le quotidien et introduisent une inquiétante étrangeté dans laquelle on finit par être bien, sans chercher à démêler le vrai du faux.
Les plus jeunes ont aussi le droit d’avoir leur best-seller pour les longues journées de plage… et avant d’arriver sur le lieu de vacances, il faut parfois prendre le train et quand on est petit c’est souvent une première fois ! Pour préparer au mieux les petits loulous, quoi de mieux qu’un récit mettant en scène un héros auquel ils pourront facilement s’identifier… c’est chose faite chez Gründ avec Timoté (dans la lignée des ours bruns et autres bébés koalas) qui dans sa collection éponyme prend le train, fait des bêtises, visite le Louvre, se fait ausculter par le médecin, rencontre des pompiers etc…
L’avantage de Timoté par rapport à ses concurrents, c’est la qualité des illustrations sur papier glacé ultra-résistant, cela semble anodin mais c’est très important quand le livre est manipulé par de petites mains encore malhabiles mais qui, surtout, ont bien du mal à appréhender leur force (c’est incroyable, la nombre incalculable de pages de livres déchirées, froissées par des bébés !)
Avec ce livre, le jeune enfant se familiarise avec des lieux inconnus – le train mais aussi la gare et le wagon-, des personnes étranges – le contrôleur- et des modes de socialisation bien différents de ceux de la crèche ou de la maison… Un objet deux en un avec en prime, à la fin du livre, des jeux pour s’occuper dans le train !
- Avec ma Maman (Claire Le Grand, Fani Marceau, Gründ) / Avec mon Papa (Claire Le Grand, Gründ, mai 2018) : deux petits ouvrages de 24 pages avec de grandes illustrations et une phrase sur les activités qu’on peut faire avec papa et maman : les traditionnelles (dessin, peinture) jusqu’au moins évidentes (bras de fer, maquillage). C’est mignon comme tout, on regrette juste certaines illustrations un peu trop stéréotypées : comme si la cuisine était uniquement dévolue aux mamans et le bricolage aux papas…
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