Kedi, Des chats et des hommes, Ceyda Torun, en DVD le 2 mai
Au cinéma, à l’exception du monde de l’animation où ils sont des héros à part entière (Garfield, le chat botté de Shrek), les chats sont souvent réduits au rôle d’accompagnateurs – le plus souvent de méchants (les chats d’Ernst Stavro Blofeld dans James Bond ou de Docteur Denfer dans la série des Austin Powers). Quant aux documentaires animaliers, ils mettent le plus souvent en scène des animaux sauvages évoluant dans des conditions extrêmes, des environnements lointains ou méconnus pour accoucher d’images « époustouflantes » organisées en une saga propre à susciter surprise et émerveillement (Le peuple migrateur, La marche de l’empereur, Les seigneurs de la mer…)
Ici, dans ce docu de la jeune réalisatrice turque Ceyda Torun, point de sensationnalisme et finalement peu d’exotisme puisqu’elle a choisi de planter sa caméra dans la citadine Istambul, au milieu des chats errants et des hommes qui les protègent et nourrissent. Le documentaire a beau s’appeler Des chats et des hommes, et montrer les relations d’interdépendance existant entre les deux groupes (les uns fournissant de l’affection, les autres des soins médicaux et de la nourriture), les chats sont les héros et guides de cette déambulation dans la mégalopole turque.
Un découpage simple en tableaux pour découvrir 7 chats et autant de manières de vivre (pour les humains) et de survivre pour les félins. De l’amateur de poissons qui a été recueilli près du port à l’élégant matou adopté par des restaurateurs qui le nourrissent de dinde et de manchego (fromage espagnol de renom pour gourmets), en passant par la femelle ultra violente, jalouse et « territoriale » surnommée psychopathe par tout le quartier, ce sont autant de chats qui font vibrer le cœur de la ville.
La réalisatrice a ajouté à son traditionnel cursus cinématographique des études en anthropologie et cela se ressent dans son travail de cinéaste : cette manière de s’effacer derrière ses sujets (félins et humains), son attention aux détails du quotidien qui renseignent sur l’identité des habitants d’Istambul, sa manière d’insérer des indices visuels (cette affiche qui met en garde les passants contre la tentation de boire l’eau réservée au chats sous peine de ne pas bénéficier d’eau dans la vie après la mort) pour évoquer des éléments religieux ou culturels importants …
En plaçant sa caméra à hauteur de chat et en laissant s’exprimer librement les voisins qui les accueillent – ces chats-là ne sont plus tout à fait errants mais pas encore domestiqués- la réalisatrice propose une vision inattendue de cette fascinante ville turque : orientale et moderne, occidentale et méditerranéenne… Si on regrettera que l’aspect politique ne soit pas plus développé (quelle est l’attitude des services municipaux face à cette marée de chats? Quid des associations de défense et d’adoption des animaux?), ce singulier documentaire – à mille lieux des reportages télévisuels mièvres sur l’amour pour nos amis les bêtes- offre une leçon d’humanisme et de philosophie au spectateur.
Hommes et femmes de toutes conditions sociales, de tous âges et de tous métiers, unis dans une même déférence à la liberté d’un animal fier, malicieux et un peu égoïste -il faut tout de même l’admettre- réinventent la beauté du DON, un don gratuit, sans raison, sans retour…
Date de sortie du film : 27 décembre 2017 (1h 20min) / Date de sortie du DVD : 02/05/2018
BONUS :
- Entretiens avec Ceyda Torun et Charlie Wuppermann
- 7 Scènes coupées
- Photos du film
- Présentation du film dans l’émission Vivement Dimanche Prochain
- Photos du making of
- Bio-filmographie de la réalisatrice
- Films-annonces
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