Future man, première saison, disponible via Hulu et OCS

Dernièrement, malgré l’offre toujours plus importante grâce aux plateformes de VOD telles Netflix ou Hulu, les amateurs de séries dites geek (ou qui contiennent juste un peu de science-fiction et/ou de fantastique) doivent quand même ronger leur frein et se contenter d’adaptations plus ou moins réussies d’œuvres littéraires originales (Philip K. Dick’s Electric Dreams au somptueux casting ou Midnight Texas basé sur la saga éponyme de Charlaine Harris), de suites –attendues ou dispensables– de séries d’autrefois à succès (la 11e saison de X-Files ou la « suite » de Twin Peaks) ou des versions contemporaines de créations originales (Dimension 404 et Black Mirror recyclant les codes anxiogènes de la Twilight Zone).

Steve Buscemi dans l’épisode 4 de Philip K. Dick’s Electric Dreams.

Bref, si la plupart des séries précédemment citées possèdent de nombreuses qualités et constituent des divertissements tout à fait recommandables, elles ne brillent pas forcément par leur originalité. Peut-être pour sortir du lot, faut-il prendre des risques ? C’est ce qu’ont fait Seth Rogen et Evan Goldberg qui ont co-produit l’excellent Future Man, disponible sur Hulu et diffusé en mars dernier par la chaîne OCS. On doit le scenario de Future Man au scénariste britannique Howard Overman qui s’était déjà essayé avec succès au fantastique grâce à quatre épisodes de Dirk Gently produits entre 2010 et 2012 et plus récemment avec un duo complètement loufoque de chasseuses de démons pour Crazyhead, deux séries inédites en France et diffusées sur BBC 4 et Channel 4 respectivement au Royaume-uni.

Amy (Cara Theobold ) et Raquel (Susan Wokoma), chasseuses de démons qui ne se prennent pas au sérieux dans Crazyhead.

A première vue, Future Man est un pot pourri de toutes les références incontournables de l’univers geek. Le héros principal, Josh Futterman (interprété par Josh Hutcherson), est un gamer dont la seule obsession est d’atteindre le dernier niveau du jeu auquel il est accro : Biotic Wars. Bien entendu, il n’a aucune vie sociale et réside encore chez ses parents.  A l’instar des protagonistes mâles de la série The Big Bang Theory, il travaille dans un laboratoire de recherche mais, faute d’ambition, comme simple agent d’entretien, ce qui lui laisse amplement le temps d’entretenir son addiction. Et comme la bande de nerds précitée, l’un de ses rares contacts avec le monde extérieur s’établit via sa virée hebdomadaire à une boutique – pas de comic books ici- de jeux vidéos, ce qui donne lieu à d’improbables discussions avec les gérants de la dite boutique autour du sex-appeal de Mario et Luigi ou de Miss Pac-Man.

La routine bien huilée de Josh Futturman vole en éclats le jour où il parvient à terminer le dernier niveau : les deux combattants virtuels de Bionic Wars, la sculpturale Tiger et le gros bourrin Wolf, apparaissent alors en chair et en os dans sa chambre à coucher et lui révèlent que ce jeu apparemment inoffensif est un outil de recrutement envoyé dans le passé pour trouver le sauveur providentiel capable de mettre un terme à la dictature eugénique d’un futur qui existe réellement. Et voilà Josh transporté dans des voyages dans le temps : l’infâme chercheur à l’origine de la société dystopique contre laquelle se battent Wolf et Tiger n’est autre que le docteur Elias Kronish, inventeur d’un remède contre l’herpès, génial danseur de soul music, et patron de Josh, un modèle de douceur, de patience et de gentillesse envers ses employés. Wolf et Tiger veulent le tuer avant qu’il ne créée son laboratoire (voire même alors qu’il n’est encore qu’un bébé), Josh essaie de trouver d’autres solutions… qui échouent toutes lamentablement.

Comment de la lutte contre les MST arrive-t-on à un monde où la population doit être génétiquement sélectionnée et où les personnes qui veulent procréer naturellement, « à l’ancienne », se voient pourchassées et abattues…? voilà l’une des nombreuses questions que se pose Josh tout au long de cette quête qui le voit affronter entre autres des bikers, des flics honnêtes mais vengeurs, SIGORN-E, une intelligence artificielle conçue par James Cameron, des chercheurs reconvertis en trafiquants de drogue et bien sûr des combattants génétiquement modifiés dotés d’une tête explosive (pratique dans les interrogatoires pour échapper à la torture)…

Années 2000: l’inspecteur Vincent Skarsgaard ne s’est toujours pas remis de la mort de son coéquipier Jorge Santiago, assassiné par un trio affublé de drôles de vêtements dans les années 1960.

Malgré le gore -omniprésent- ou les blagues sous la ceinture (normal, venant de la part des créateurs de Sausage Party ou de C’est la fin), regarder un épisode de Future Man est un exercice rafraîchissant et revigorant. Pourquoi? déjà, parce que comme le répète Josh à longueur d’épisode, pour parler des voyages dans le temps, il faut d’abord en connaître les bases. Et dans Future Man, les paradoxes temporels engendrés par les nombreux sauts dans le passé font rebondir l’intrigue ou lieu de la plomber de questionnements existentiels pesants et superfétatoires tout en dotant la série d’un capital comique à faire pâlir d’envie n’importe quelle sitcom. Un exemple : un smartphone égaré dans une soirée organisée par une fraternité noire et c’est tout le mythe Apple qui s’effondre.

Réécrire l’histoire en proposant des réalités alternatives complètement impensables aujourd’hui (un peu à la manière de Sliders mais en mieux écrit), entraîner le spectateur dans des aventures cocasses menées tambour battant par deux soldats tout droit sortis de Mad Max mais constamment tentés d’abandonner leur mission pour goûter aux joies et délices de notre temps -ah la tête de Wolf découvrant les cornichons ou la ganache pour truffes- voilà la matière principale de cette série incroyablement drôle (il faut voir comment sous forme d’hommage, les scénaristes se paient la tête de James Cameron et de son délire hypocrite écolo) et en même temps intelligente car elle traite d’éthique et de choix moraux sans en avoir l’air…

Les acteurs principaux sont géniaux (Derek Wilson qui incarne Wolf en tête) mais ils sont aussi épaulés par de solides seconds rôles : la regrettée Glenne Headly qui joue la mère de Josh, les vétérans Keith David (Docteur Elias Kronish) et Ed Begley Jr (le père de Josh), ou Haley Joel Osment et la rappeuse Awkwafina… tout un petit monde qui s’agite au son d’une bande-son d’anthologie. Bref, un sans-faute !

Glenne Headly, un peu de douceur dans une série de brutes !

Future Man : 13 épisodes de 35 minutes

Créateurs : Kyle Hunter, Howard Overman et Ariel Shaffir.

Diffusé sur OCS et toujours disponible via Hulu.

Seth still rules!

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.