Sélection bouquins printemps
La mode est à la réduction de consommation de viandes et de charcuterie dans notre alimentation quotidienne et pour les plus courageux (non devrais-je dire, les plus citoyens ou alarmistes à vous de choisir) à devenir vegan… Ne pouvant résister à une tranche de jambon persillé, un quignon de pain onctueux de rillettes fondantes, d’une entrecôte ruisselante de saveur, j’ai compati aux malheurs de Goliath, le chat pirate, héros du nouveau livre écrit par Cécile Alix. Reçu en envoi presse de la part des éditions Gründ pour la filiale le Poulpe fictions, j’ai un peu tiqué en découvrant dans ma boîte aux lettres cet ouvrage pour pré ados (le label le poulpe s’adresse aux 8-12 ans)… Mais, j’ai vite changé d’avis en me lançant -en journaliste intègre et perfectionniste- dans sa lecture. Écrire que ce livre est drôle est une litote : on s’esclaffe à chaque page, si ce n’est pas à chaque paragraphe tant l’auteure fait preuve d’inventivité et d’ironie mordante pour décrire les tribulations de ce chat carnivore dont le régime alimentaire change du tout au tout lorsque sa maîtresse emménage avec un végétalien.
Extraits choisis : « A cause de cet alien phytophage, on s’est mis à manger des plats complètement improbables (…) Poulet grillé Arcimboldo. Là c’est une grosse farce. C’est même pas un vrai poulet, rien que du trompe l’œil ! Des carottes à la place des pattes, du chou vert pour le corps, de la panure pour la peau, et le plus vicieux : une tomate en guise de croupion. Arnaque totale, je suis dégoûté ! (et j’ai faim) » (pages 69-70)
« Ce soir, soirée foot. Bruno apporte des bâtonnets de concombre et des chips violettes aux betteraves. C’est déprimant. ça fait un bruit de chips normal pour faire croire que c’est bon mais rien que l’odeur donne envie de vomir. En plus les bonhommes jouent comme des quiches au tofu dans le pré trop vert. J’en peux plus de cette couleur… » (page 72)
Bien entendu, Goliath chat pirate, destiné aux plus jeunes, se termine bien : les carnivores de tous poils (Goliath mais aussi sa maîtresse Lou) finiront par trouver un terrain d’entente avec Bruno, le fan de carottes. Sur fond de guerre entre carnivores et herbivores, un joli petit conte sur le vivre-ensemble. Drôle, inventif et ironique, un livre que les parents peuvent piquer à leurs enfants.
On change d’univers avec L’art du montage, volume coordonné par N.T. Binh et Frédéric Sojcher, paru aux éditions Les Impressions Nouvelles. Ceux qui recherchent un livre offrant clefs en mains les techniques de montage seront déçus. Mais, ceux qui aiment découvrir au hasard d’une conversation entre professionnels de l’industrie des anecdotes sur l’art magique que représente le montage, capable de donner vie et corps à n’importe quel récit filmé, seront ravis. Envisageant la collaboration entre cinéaste et monteur comme une véritable relation de couple, avec ses compromis, ses emballements, ses joies et ses peines, les directeurs de publication N.T. Binh et Frédéric Sojcher font dialoguer Jacques Audiard, Catherine Breillat, Arnaud Desplechin, Cédric Khan, Patrice Leconte, et leurs monteurs/ monteuses Laurence Briaud, Pascale Chavance, Yann Dedet, François Gédigier et Juliette Welfing.
Le temps file à toute allure… le joli mois de mai n’est plus, mais nous pouvons encore célébrer le cinquantenaire de mai 1968. Comment l’ont vécu, voire fait, des hommes et femmes devenus auteurs de romans policiers, journalistes, illustrateurs ou syndicalistes et protecteurs des littératures de genre…? pour le savoir, on se plonge dans 50 ans après, des nouvelles de mai 1968, ouvrage choral replet de duos : un auteur écrit, un illustrateur caricature forcément… C’est décalé, pittoresque, enlevé avec plein de personnages haut en couleurs qui se croisent, s’observent, se vilipendent, s’affrontent à Orly Nord, au lycée de Chantilly, à la Sorbonne ou même à la Coupe Davis. On retrouve les plumes de Didier Daeninckx, Claude Mesplède, ou Jean-Noël Levavasseur pour ne citer qu’eux.
Et, on termine, avec des nouveautés Gründ Jeunesse : des livres bien conçus pour éveiller la curiosité de bébé et lui apprendre plein de choses en s’amusant.
On commence avec Mon super imagier… Des imagiers, tous les éditeurs en sortent. Mais si celui-ci est vraiment super et se démarque de ses concurrents, c’est par la qualité de ses illustrations. De belles doubles pages qui regorgent de petits détails, le graphisme est simple mais moderne, l’enfant reconnaît aisément les lieux et objets de son quotidien qui sont néanmoins croqués de manière amusante. Le petit plus ce sont aussi les puces sonores qui permettent à l’enfant d’associer un son à une forme : de la radio en passant par le dindon et la vache, sans oublier la voiture, les vingts puces donnent un peu plus de vie aux illustrations pleine de fraîcheur et de couleurs de Julie Mercier.
C’est bien connu, la découverte du monde pour les bébés est aussi tactile. On touche à tout, on met tout ce que l’on ramasse dans sa bouche… On aime aussi ranger (eh oui, les bébés sont des maniaques de l’ordre), placer des objets dans une boîte, les faire apparaître et disparaître. On fond parfois aussi en larmes quand maman n’est plus dans le champ de vision… pour habituer les plus petits à la séparation, et leur fait comprendre que maman, peut sortir de la pièce chercher un objet (ou prendre sa douche !), jouer à cache à cache s’avère très efficace.
Avec Cache-cache poule et Cache-cache hibou, les petits lecteurs des livres Gründ s’amusent à retrouver le hibou et la poule accompagnés d’autres animaux de la forêt et de la ferme. Des feutrines se soulèvent pour révéler les animaux à chercher, et ça marche à tous les coups : même au bout de la centième lecture, la bouche de bébé fait un petit « ah » ou « oh » de ravissement en découvrant l’animal derrière le buisson ou l’arbre.
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