Kinotayo 2017 : Alleycat, Hideo Sakaki.

Les chats auraient neuf vies… et les humains ?

On regrettera que cette année le ou les programmateurs aient sacrifié à la mode des films militants politiquement corrects (ce n’est pas parce que les héros d’un métrage sont des écolos, des handicapés ou des transsexuels que le film est forcément digne d’intérêt) pour analyser la sélection hors compétition estampillée « KANATA, au-delà du miroir : des films différents pour un public différent ». Elle réserve, elle, de bien belles surprises qui nous feront accepter l’absence de films ouvertement SF (remember Zebraman 2 en 2010). On commence donc avec Alleycat, véritable OCNI (objet cinématographique non identifié) puisque le terme est à la mode pour « pitcher » un film. Le réalisateur Hideo Sakadi réunit deux belles gueules de cinéma : Kenji Furuya que certains reconnaîtront comme le chanteur-parolier du groupe Dragon Ash et Yosuke Kubozuka qui est aussi musicien reggae.

Si le film est aussi captivant, cela tient peut-être aux dons musicaux des deux protagonistes principaux. La démarche chaloupée, la réplique nerveuse mais toujours à-propos, ils ont le flow et rarement aura-t-on vu film aussi maîtrisé dans sa manière d’enchaîner séquences d’action pure et moments dramatiques. Ici, pas de réelle alternance, on passe du rire aux larmes sans s’en rendre compte, dans une belle fluidité. A l’exception de la bagarre dans la chambre d’hôtel (trop longue), le tempo imposé par le réalisateur-acteur Hideo Sakaki est toujours justifié tout comme les multiples variations de registre (comique, sentimental). Le film débute comme une version japonaise de Chacun cherche son chat. Un ancien boxeur, Hideaki (Yosuke Kubozuka), a perdu son chat Maru. Il le retrouve assez rapidement mais l’homme qui l’a recueilli, Ikumi (Kenji Furuya), un mécanicien punk, refuse de lui rendre.

Si ces deux accidentés de la vie vont finir meilleurs amis, se rafistolant physiquement et mentalement au contact l’un de l’autre, leurs premières rencontres ne sont qu’une série de malentendus et de frustrations. L’ex boxeur, reconverti en agent de sécurité, est un taiseux qui réfléchit plusieurs fois avant d’agir. Le mécano est un impulsif qui cogne d’abord avant de parler. Leurs chemins ont la malchance -ou la chance finalement- de croiser celui de Saeko (Yui Ichikawa), douce jeune maman qui cache de terribles secrets. Bientôt, la chronique sociale de quartier prend le large. Hideaki, Ikumi et Saeko mettent les voiles pour Tokyo pour échapper à plusieurs assaillants : un stalker (Hiroshi Shinagawa, vraiment effrayant) prêt à tout pour détruire Saeko et des gardes du corps yakusas employés par un mystérieux politicien.

A Tokyo, le récit prend une autre tournure, beaucoup plus sombre. Les codes du buddy movie sont respectés : la vieille guimbarde ne rend pas l’âme avant les dernières minutes du scenario, l’héroïne a une copine pour le copain, et le duo infernal mais inséparable ne cesse de se disputer. Néanmoins, le réalisateur a suffisamment étoffé le passé des personnages pour éviter de les réduire à de simples caricatures… et le sauvetage de Saeko par les deux hommes -car sans Ikumi, Hideaki aurait tourné le dos à Saeko, reproduisant ainsi le traumatisme enfantin dont il avait été victime- est à la fois une critique des relations hommes-femmes au Japon et un vrai moment de cinéma.

Un régal, espérons que le film, diffusé à Kinotayo mais aussi au Japan Cuts de New York, trouve un distributeur en France.

Réalisé par Hideo Sakaki
Interprètes : Yosuke Kubozuka, Kenji Furuya
Sortie : 2017 | Durée : 129min | Genre : Drame / Comédie | VOSTA

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