Zombillénium, Arthur de Pins, Alexis Ducord , 18 octobre
Vous aimeriez vous faire une toile spéciale Halloween avec vos kids mais vous ne savez pas quel film aller voir ? Courrez découvrir le parc d’attractions franco-belge Zombillénium, un lieu unique où les zombies ont une conscience sociale. Malgré sa sortie opportune, juste quelques jours avant le début des vacances de la Toussaint, l’adaptation cinématographique des BD éponymes publiées chez Dupuis n’est pas qu’un simple produit marketing estampillé Halloween. Le scénariste et dessinateur (les deux qualités réunies sont plutôt rares) Arthur de Pins a inventé un univers fantastique qui sort des sentiers battus. Pour plusieurs raisons. Par l’ancrage géographique de l’histoire, quelque part au Nord de la France, chez les Corons – on entend d’ailleurs la chanson de Pierre Bachelet lors d’une séquence à la fois émouvante et hilarante. Par sa manière de détourner les codes du film d’horreur : les monstres de Zombillénium ne se cachent pas mais évoluent aux yeux de tous, utilisant même leur caractère et traits démoniaques pour s’intégrer.
Imaginez donc un parc de loisirs créé par Francis, un vampire bien attentionné, dont le rêve est de faire coexister fraternellement créatures de la nuit et humains. Y débarque Hector, contrôleur des normes veuf et sadique jubilant à l’idée de découvrir l’infraction qui sonnera le glas des diverses attractions. Pour sauver toutes les créatures qui ont échappé à l’enfer en devenant employées de Zombillénium, Francis décide de transformer l’inspecteur en vampire. Une nouvelle vie commence alors pour Hector qui doit accepter sa récente condition de mort-vivant à qui il est formellement interdit de quitter le parc.
La première partie du film suit Hector dans son apprentissage de monstre. Vampires, zombies et loups–garous n’arrivent d’ailleurs pas trop à déterminer à quelle famille le nouveau-venu appartient… c’est d’ailleurs l’une des surprises du film qui n’est élucidée qu’en toute fin. Affublée d’une stagiaire sorcière, qui est responsable d’avorter toute tentative de fuite et dont la véritable identité réserve aussi quelques rebondissements, Hector s’humanise au contact d’une joyeuse bande de morts-vivants emmenée par le squelette Sirius, délégué syndical qui après avoir obtenu l’usage exclusif du parc pour les employés les soirs de pleine lune milite pour la semaine de 65 heures.
Les deuxième et troisième parties du film tout en étant aussi enlevées et drôles que les séquences d’exposition voient l’affrontement entre la caste des vampires -snobs, arrogants, vains et superficiels- et le reste des monstres. Le combat physique, est aussi musical et plusieurs morceaux de rock interprétés par Gretchen la sorcière sont en fait signés Mat Bastard, chanteur du groupe Skip the Use qui double ici Sirius.
Les scénaristes et réalisateurs se fendent d’une satire pertinente de la médiocrité de la bit-lit qui ne propose que des modèles de romance stéréotypée à des adolescentes en pâmoison pour des vampires pseudo-romantiques. Cette réflexion sur l’évolution de la place des monstres dans les représentations et productions culturelles actuelles s’accompagne d’un discours social qui n’échappera pas aux plus grands. Derrière sa défense de la culture fantastique de papa-maman -celle des fans de George A. Romero ou Tobe Hooper, Zombillénium dénonce les dangers du conformisme ambiant et plaide pour une acceptation de la différence personnifiée par des héros hors-normes. Et les gamins lors de la projection, en reprenant le signe de ralliement des zombies, ont parfaitement compris que le vampire beau-gosse en costume de star est plus dangereux qu’une bande de travailleurs à l’allure moins glamour.
Date de sortie : 18 octobre 2017 (1h 18min)
De Arthur de Pins, Alexis Ducord
Avec Emmanuel Curtil, Kelly Marot, Alexis Tomassian…
Genres : Animation, Comédie, Aventure
Nationalité : français
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