Le Mystère Jérôme Bosch, José Luis Lopez-Linares, en DVD le 2 mai

A partir d’une excellente idée de départ (analyser les réactions des personnes qui contemplent le Jardin des délices, célèbre tableau de Jérôme Bosch), le réalisateur espagnol José Luis Lopez-Linares signe un film très décevant.

A l’exception de quelques interviews très enrichissantes, filmées en Hollande, au sein de la confrérie millénaire du peintre, José Luis Lopez-Linares plante sa caméra dans la salle du musée madrilène Le Prado où est exposé Le Jardin des délices. Dès les premières minutes, on comprend que le dispositif narratif et visuel choisi par l’équipe du film desservira les ambitions du projet. Le regard de la foule de touristes qui se presse chaque année dans les couloirs du musée espagnol est opposé à celui, manifestement jugé plus pertinent et digne d’intérêt, de personnalités des arts et des lettres qui ont le privilège d’être filmées, seules, face au tableau dans une salle déserte.

Le spectateur a alors la désagréable impression d’assister à quelques moments choisis d’une soirée privée durant laquelle ces happy few échangent, dans un musée privatisé, des paroles sentencieuses, vaines et superficielles, sur le mystère Bosch ou s’écoutent pérorer de longues minutes sans jamais transmettre aucune connaissance de l’œuvre ou du peintre. Alors oui, la caméra s’arrête ça et là, sur un détail fascinant de ce tableau si foisonnant qu’on pourrait l’admirer des journées entières. Mais que nous importe de savoir que telle diva préfèrerait passer du temps en enfer (orgiaque, si amusant) qu’au paradis ? Michel Onfray fait du Onfray et une psychanalyste susurre, comme si elle révélait le secret du siècle, que derrière ces images, il y a d’autres influences, plus souterraines… On ne s’en serait pas douté.

Et pour nous prouver que ce film ne transpire pas une conception élitiste puante de la culture, le réalisateur insère quelques plans de trisomiques qui se sont attelés à une reproduction du triptyque. Aucune contextualisation, on ne sait pas dans quel cadre ils ont dessinés, la séquence est de toute façon très courte. Les défenseurs des handicapés seront contents, ils ont été entraperçus, juste le temps de jouer leur rôle de caution morale pour film bobo. Bref, de Jérôme Bosch, on n’apprendra rien et son tableau passera au second plan. Ah si, quand même un enseignement à retenir en dépit de la consternation ressentie devant ces people paradant face à cette caméra si complaisante : les véritables artistes travaillent dans le silence de leur établi, et savent que la vanité n’est pas garante de postérité.

 

Date de sortie : 26 octobre 2016 (1h 26min)
De José Luis Lopez-Linares
Avec Miquel Barceló, Guo-Qiang Cai, William Christie…
Genre : Documentaire
Nationalités : espagnol, français

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