Retour sur un film : Adieu Mandalay de Midi Z, toujours en salles…
Des films sur les migrants, il y en a eu beaucoup ces derniers mois… Adieu Mandalay, du réalisateur birman Midi Z, lui-même immigré à Taïwan, raconte l’histoire d’amour impossible entre deux travailleurs pauvres, Guo et Lianqing, venus faire fortune en Thaïlande… Las, le pays n’est plus l’eldorado qu’il fut pour les Birmans. Impossible de trouver du travail sans papiers et la prostitution semble être le seul recours pour les jeunes femmes immigrées.
Des motivations profondes des personnages, de leur vie avant l’exil, on ne saura rien… comme si l’immigration en soi était suffisante pour les définir. Les longs plans définissent le cadre et dessinent une géographie de la survie à travers les passages obligés pour le couple : le bureau du patron qui employait des clandestins, les cuisines d’un restaurant, l’atelier de confection, la bicoque des fabricants de faux papiers dans la forêt… Peu de dialogues, de nombreux silences pour signifier l’impossibilité d’exister en tant que couple. Est-ce dû aux conséquences de l’immigration ou plutôt à un malentendu qui trouve justement son origine dans cette solidarité implicite et forcée des travailleurs de l’ombre…
Le film baigne dans une lumière bleutée mais l’attention à la sensorialité qui, chez un Anocha Suwichakornpong, la réalisatrice thaïlandaise de Mundane History, transportait le spectateur dans une bulle amniotique protectrice, se révèle ici glaçante. Portrait clinique de deux êtres à la dérive -en partie à cause de leurs entêtements respectifs- Adieu Mandalay émeut peu dans sa conclusion sous forme de couperet final. Pourtant, cette froide distanciation est en soi l’écho de l’insondable désespoir des personnages. Un film qui ne laisse pas indifférent…
Date de sortie 26 avril 2017 (1h 48min)
De Midi Z
Avec Kai Ko, Wu Ke-Xi, Wang Shin-Hong…
Genre : Drame
Nationalité : birman
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