The Fits, Anna Rose Holmer, 11 janvier
Une jeune boxeuse, Toni, fait l’apprentissage de la féminité en rejoignant l’équipe de danse de son club de sport. La violence du ring fait place à l’affirmation de soi à travers le vernis à ongle, le maquillage, les joutes verbales et les confidences échangées dans les toilettes. De garçon manqué à future reine de beauté, la métamorphose est en marche. Mais bientôt, Toni doute… et l’équipe toute entière, des meneuses aux néophytes, est prise d’étranges convulsions qui compromettent leur participation aux championnats.
Parmi les premiers plans du film, Toni et ses push-ups. Seule fille au milieu d’un groupe d’adolescents bien plus âgés qu’elle, Toni est pourtant à sa place. Son grand frère compte sur elle pour le nettoyage de salle à la fin de la journée et les autres boxeurs la respectent et l’encouragent. Il faut dire que la petite s’entraîne comme une véritable professionnelle. La réalisatrice Anna Rose Holmer a composé un univers très physique où ralentis, gros plans, travellings, bruitages et bande-son dissonante expriment les processus physiologiques à l’œuvre chez les sportifs.
Accélération du rythme cardiaque, souffle coupé, douleur… The Fits est un film de sensations, au plus près du ressenti des personnages. A travers le regard de sa protagoniste principale (Royalty Hightower, époustouflante dans son tout premier rôle), le film fait osciller le spectateur dans deux univers différents mais complémentaires. D’un côté le monde de la boxe et des garçons, de l’autre, celui des filles, des lionnes comme elles se surnomment. Toni fait la jointure entre les deux sans jamais vraiment décider vers lequel basculer complètement.
Écrire que The Fits est un essai visuel sur le genre – à l’instar de Tomboy– serait très réducteur. Film énigmatique, The Fits nous immerge dans un monde relativement familier et pourtant très déroutant. Si le contexte social est complétement évacué – la réalisatrice aurait pu insister sur le milieu afro-américain urbain dont sont tous issus les jeunes sportifs à l’écran- l’aspect technique documentaire se met au service d’une ambiance proprement fantastique.
On ne saura jamais pourquoi toutes ces filles se mettent à convulser. Plusieurs raisons seront évoquées : hystérie collective suite à une « maladie de garçons » (comprenez ‘vénérienne’) ou bien contamination de la fontaine à eau de la salle d’entrainement des danseuses ? mais lorsqu’elles se mettent à boire l’eau des boxeurs, le mystérieux phénomène persiste…The Fits n’est pas un manifeste ou un film à clefs, sa seule inquiétante étrangeté suffit à son existence et intérêt. En tout cas, après plusieurs documentaires avec le New York City Ballet, la réalisatrice démontre sa capacité à inscrire sa passion pour la danse dans un récit cinématographique époustouflant. A ne pas rater !
Date de sortie : 11 janvier 2017 (1h 12min)
De Anna Rose Holmer
Avec Royalty Hightower, Alexis Neblett, Da’Sean Minor…
Genre : Drame
Nationalité : Américain
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