Le teckel, Todd Solondz, 19 octobre
Avec Le Teckel, Todd Solondz signe une comédie grinçante dont il a le secret. Un teckel passe de maître en maître, prétexte pour dépeindre des tranches de vie désespérées, glauques, absurdes ou fantomatiques comme autant de petits sketchs où l’on rit jaune.
Le film est servi par d’excellents acteurs : Danny DeVito incarne un professeur et scénariste de la vieille école considéré comme has-been et rétrograde par ses étudiants, Kieran Culkin est un héroïnomane au grand cœur, Greta Gerwig joue à merveille les auxiliaires-vétérinaire dépassée par les événements et la grande Ellen Burstyn est formidable en grand-mère froide comme la mort.
Comme toujours dans les films de Todd Solondz, la famille américaine moyenne en prend pour son grade : les parents du petit Rémi, survivant d’un cancer, sont des monstres froids, racistes, complètement névrosés, sous leur allure de couple modèle adepte de yoga et bouffeur de graines. Si l’on ne connaissait pas le processus de dynamitage de l’American Way of Life entrepris par Solondz tout au long de sa riche filmographie, on pourrait l’accuser d’être réactionnaire et même homophobe tant ses piques contre les écoles d’art, les études sur le genre ou les jeunes réalisateurs sont virulentes.
Mais Solondz n’est pas vraiment un cinéaste engagé qui dénonce les travers d’une époque, plutôt un artiste qui projette un miroir grossissant sur l’absurde du quotidien, une sorte de moraliste résigné hanté par la mort et le poids des vanités terrestres. Un cinéma peut-être pas réjouissant pour tout le monde mais une proposition visuelle et narrative stimulante à contre-courant des modes présentes et passées.
Date de sortie : 19 octobre 2016 (1h 28min)
De Todd Solondz
Avec Greta Gerwig, Danny DeVito, Zosia Mamet, Julie Delpy, Ellen Burstyn…
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Américain
Prix du Jury au festival du cinéma américain de Deauville 2016.
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