Ma vie de courgette, Claude Barras, 19 octobre 2016
Courgette s’aventure parfois hors du grenier, pour ramasser les cannettes de bière abandonnées par sa mère sur le plancher. Solitaire, Courgette s’évade de la grisaille en dessinant sur les murs de chambre. Il aime aussi beaucoup jouer avec le cerf-volant qu’il a bricolé et décoré. Coté pile, son père -en habits de superman- côté face, une immense poule parce que sa mère n’arrête pas de répéter depuis qu’elle vit seule avec Courgette, « ton père, il adorait les poules. »
Librement adapté du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette, Ma vie de courgette raconte le sauvetage d’un petit garçon qui s’ouvre à la vie, l’amitié et l’amour, après avoir été placé en foyer. Le sujet est grave mais le traitement, plein de délicatesse et d’humour, rend l’histoire très attachante et même divertissante ! Beaucoup moins sombre que la trame originelle du roman paru chez Plon en 2002, le scenario de Céline Sciamma (Tomboy, Naissance des pieuvres, Bande de filles) fait la part belle au rêve et à l’émotion.
Avec leurs grands yeux expressifs, les personnages de Ma vie de courgette semblent tous droit sortis d’un film de Tim Burton, et l’on retrouve à plusieurs moments l’ironie macabre qui faisait le sel de productions comme Frankenweenie ou L’étrange Noël de Mister Jack.
S’il dépeint des structures familiales éclatées par la drogue (les deux parents de Simon sont toxicomanes), le crime (le père du petit Ahmed, autre compagnon d’infortune de Courgette, a commis un hold-up), ou les politiques migratoires (la mère de Béa a été renvoyée en Afrique), Ma vie de courgette ne sombre jamais dans le misérabilisme.
Balayé d’un optimisme à toute épreuve -et d’un petit grain de folie au moment de projeter les sentiments des personnages dans le décor ou la nature qui les entourent- ce merveilleux film d’animation en stop-motion brosse aussi le portrait d’une équipe de pédagogues comme on en rencontre hélas pas assez. Mus par la générosité et le bon-sens, ils font du foyer un lieu enchanteur où grandir signifie s’ouvrir au monde et prendre des responsabilités sans jamais renoncer à sa personnalité et ses rêves de bonheur.
Date de sortie : 19 octobre 2016 (1h 06min)
De Claude Barras
Avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud…
Genres : Animation, Drame
Nationalités : Suisse, Français
Cristal du long-métrage / Prix du Public au Festival du Film d’Animation d’Annecy 2016
Valois de diamant (Valois du meilleur film) au 9e Festival du Film francophone d’Angoulême (août 2016)
Article original publié le 1ier septembre.
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