SOS Fantômes, Paul Feig, 11 août 2016

Annoncé comme un désastre cinématographique et un sacrilège pour les fans des premiers épisodes de la franchise, le Ghostbusters réalisé par Paul Feig pourrait bien, malgré l’accueil mitigé de la presse et du public, être le vrai bon blockbuster de cet été… Ne le ratez donc pas. Petit plaidoyer pour un film qui ne démérite pas.

  • Des personnages caricaturaux : oui, peut-être mais … vous rappelez-vous des originaux ?

L’idée de génie de Paul Feig – réalisateur au passage de Mes meilleures amies– est d’avoir pratiquer l’inversion des genres. En lieu et place de nos chasseurs de fantômes, déboulent des chasseuses de fantômes, ce qui a donné lieu à un déferlement de remarques sexistes et misogynes sur le net. Ne rentrons pas dans la polémique pour nous concentrer sur l’une des critiques majeures faites au nouveau quatuor 100% féminin : la team serait caricaturale. Alors oui, on retrouve Leslie Jones en nana black terre à terre et grande-gueule mais n’est-ce pas là le rôle alloué à la plupart des actrices noires dans des comédies depuis le début des années 1980, qu’on se souvienne ainsi des divers incarnations de Whoopi Goldberg à l’écran (Ghost, Jumpin’ Jack Flash, Sister Act…)… On reproche aussi à Paul Feig d’avoir enfermé ses personnages dans des rôles-types avec une cérébrale, une mécano et une grande-gueule… Raymond Stantz, le personnage interprété par Dan Aykroyd, ne passait-il pas la moitié de son temps les mains dans le cambouis ?

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  • Un film calqué sur le modèle original qui n’introduit aucun nouvel élément scénaristique… oui, mais la copie qui, pour beaucoup, prend la forme d’un hommage raté ne possède-t-elle pas une charge subversive assez rare au cinéma actuellement ?

Comme pour le premier opus, ce qui pousse le groupe à s’unir pour devenir des exploratrices du surnaturel et des scientifiques de terrain est d’avoir été bannies du monde universitaire. Si dans l’épisode fondateur, ce motif scénaristique était rapidement évacué, il donne lieu dans cette suite à de francs moments de rigolade qui lancent le film sur les chapeaux de roue. Erin Gilbert, le personnage coincé joué par la proprette Kristen Wiig, est introduit via une critique -assez juste- des modalités de recrutement dans le supérieur. Peu à peu, le masque de l’intellectuelle bourgeoise inhibée portée par l’aspirante enseignante qui attend d’être titularisée se craquèle sous les assauts du réel. Ses recruteurs potentiels découvrent qu’elle a co-écrit un livre de vulgarisation sur le paranormal, double erreur de par le contenu et la forme adoptés. L’entreprise de démolition de la carrière d’Erin est réjouissante tant le réalisateur met en parallèle son apparente déconfiture professionnelle (« Fired ! after years of hard-working and ass-licking! ») et sa soif de vivre grandissante après avoir retrouvé sa liberté.

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On a beaucoup écrit sur l’immaturité et la vulgarité des gags pipi-caca des premières minutes mais si le nouveau Ghostbusters peut se targuer d’être un film « féministe », c’est bien dans son intention de se saisir de tous les moyens pour faire rire, quitte à casser l’image lisse et marketing de poupées Barbie anorexiques imposée aux femmes par la mode, les media et la société en général. Plusieurs des actrices (Kristen Wiig, Melissa McCarthy) ont fait leurs armes en s’imposant dans le Saturday Night Live sur NBC, l’émission phare pour qui veut percer dans la comédie aux États-Unis… A la fin des années 1970, deux des acteurs principaux du premier Ghostbusters y faisaient leurs débuts : Bill Murray et Dan Aykroyd qui se fendent justement de cameos réussis dans le film de Paul Feig ! Plus qu’évidente, la filiation est revendiquée et parfaitement assumée.

Autre filiation qu’on peut aisément mentionner : l’inscription du film dans un comique 100% nana (mais qui n’exclue heureusement pas les mecs) porté actuellement par les pince-sans-rire Amy Poehler et Rashida Jones, elles-aussi issues de l’école Saturday Night Live, et plus récemment héroïnes de séries assez méconnues en France comme Parks and Recreation et Angie Tribeca (avec en guest-star James Franco dans le rôle du Sergent Pepper -ah ! ah !) Quant à Neil Casey, l’interprète du méchant nerd de l’histoire, le frustré Rowan, il ne s’offusquera pas d’être malmené par des filles puisqu’il est lui-même scénariste du Saturday Night Live et de la série Inside Amy Schumer diffusée sur Comedy Central.

Doit-on aussi rappeler que Paul Feig est le réalisateur du culte Freaks and Geeks et qu’il avait signé plusieurs épisodes de Parks and Recreation et surtout d’Arrested Development, une série complètement délirante avec Portia de Rossi et Jason Bateman ? Je pourrais rajouter une liste de noms, d’acteurs, de producteurs, de scénaristes (Judd Apatow, Steve Carell –Little Miss Sunshine, The Office, Angie Tribeca) qui évoluent dans la même nébuleuse comique pour tenter de légitimer l’humour à l’œuvre dans le Ghostbusters version 2016… Pour faire bref, si vous en avez marre du politiquement correct et des uniformes vendus par The Kooples, les vannes de SOS Fantômes 2016 vous feront rire.

Ajoutons à cela l’atout charme du nouvel opus : Chris Hemsworth (Thor) parfait en secrétaire écervelé (ou selon la VO en « stripogram Clark Kent »), une séquence hallucinante dans un concert de rock avec Ozzie Osbourne, une bande-son qui n’a rien à envier à l’original… Personne ne se prend au sérieux, Thor joue avec son image de sex-symbol, le très grand Andy Garcia campe avec délectation un édile pourri et Stay Puft Marshmallow fait un retour fracassant ! Tous les ingrédients sont réunis pour faire du film la comédie de l’été !… ou écrirons les pisse-vinaigre une « vraie daube » « digne d’une série Z »… injure ultime mais, au fait, vous-vous rappelez des deux premiers ?

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La nouvelle secrétaire des Ghostbusters est Chris Hemsworth !

  • « Ghostbusters 2016 est une série Z » : alors, là, révélation, man, c’était pas déjà le cas avec Ghostbusters 1 et 2 ?

Petit retour en arrière pour ceux qui n’ont pas grandi dans les années 1980, porté des robes ou T-Shirts fluo, dansé sur « Girls want to have fun » de Cindy Lauper ou, en France, chanté à tue-tête les « Brunes comptent pas pour des prunes » de Lio… Comparé aux années 2000, les années 1980 étaient caractérisées par le règne du n’importe quoi (mais au moins on savait se marrer !). Ou pour reprendre le slogan actuel d’une grande firme (représentée par un clown rouge), Venez comme vous êtes ! Jetons un coup d’œil sur certaines images extraites des deux premiers films (1984 et 1989) pour évaluer leur potentiel série Z : Sigourney Weaver au bord du toit, accompagnée de Rick Moranis en nerd fou amoureux et possédé, Zuul le portier du royaume du grand méchant Gozer, Vigo le tyran du n°2…

SigourneyGhostbusters Vinz_Clortho_in_Louis_Tully's_Body

ZuulTerrorDog1 vigo

La série Z n’empêche pas d’être culte ou légitime, bien au contraire !
Ghostbusters 3 – Date de sortie : 10 août 2016 (1h 57min)
De Paul Feig
Avec Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones, Chris Hemsworth, Neil Casey, Bill Murray,  Daniel Aykroyd…
Genres : Action, Comédie, Fantastique
Nationalité : Américain

 

 

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