L’île de Giovanni, Mizuho Nishikubo, sortie le 28 mai
Découvrez le nouveau film de Production I.G., L’île de Giovanni, après Ghost in the Shell et Lettre à Momo… D’après une histoire vraie -celle d’Hiroshi Tokuno, petit garçon pendant la seconde guerre mondiale – le film réalisé par Mizuho Nishikubo retrace un pan oublié du conflit mondial sur le front pacifique : l’annexion, par l’armée russe, de plusieurs îles japonaises et la déportation de leurs habitants dans des camps d’internement situés à Sakhaline. Pour autant, L’île de Giovanni ne verse pas dans le pathos mais constitue une célébration de la fraternité entre les peuples, se développant contre vents et marées, à l’image de l’amitié qui se noue entre les deux personnages principaux, Junpei Senô, le fils du commandant des forces d’autodéfense de l’île Shikotan, et Tanya, la voisine russe.
Le film s’ouvre sur les dernières heures de la seconde guerre mondiale. On y découvre des villageois -femmes, enfants et vieillards- qui ont été plutôt épargnés par le conflit, vivant à l’écart des îles principales. Lorsqu’ils apprennent la défaite du Japon et la fin de la guerre, ils sont gagnés par l’inquiétude alors qu’ils avaient jusqu’à présent vécu dans une relative insouciance. Avec le retour des hommes à la maison, tous attendent l’arrivée des Américains qui les terrifient. Ce seront les bottes des soldats russes qui martèleront les allées tranquilles du bord de mer.
Le film montre comment, progressivement, malgré l’appropriation des maisons japonaises par les russes – Junpei, son petit frère Kanta, son oncle Hideo et son grand-père Genzo sont obligés de dormir dans une étable- la défiance entre les populations fait place à une forme de solidarité et de fraternité. Cette évolution des comportements est symbolisée par les séquences de chants à l’école de Junpei et Tanka. Les deux groupes d’enfants – russes et japonais – disposent chacun d’une salle de cours et d’une institutrice. Pendant les leçons de chants -qui se déroulent en même temps- ils entonnent des chansons traditionnelles et essaient, par delà la fine cloison de bois qui sépare leurs classes, de faire entendre uniquement leur chanson en chantant de plus en plus fort… jusqu’au jour, où les enfants japonais se mettent à chanter la chanson russe Dorogoi Dlinnoyu, tandis que les russes reprennent en cœur et en japonais Libellule Rouge…
Par souci de réalisme, afin de retranscrire au mieux l’interaction culturelle entre les différentes communautés, les dialogues russes du film ont été enregistrés par des acteurs et doubleurs russes et les dialogues japonais par des acteurs japonais. Une partie des sessions d’enregistrement s’est déroulée à Moscou en 2013. La musique jouant un rôle primordial dans l’intrigue, le réalisateur et son équipe technique ont fait appel à des chœurs d’enfants professionnels. Le film a d’ailleurs été conçu dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire de la création de la Japan Association of Music Enterprises. On pourrait s’inquiéter de voir le Japon revisiter son histoire à l’aune d’un nationalisme revanchard et négationniste qui occulterait les atrocités commises par l’armée du soleil levant : Hayao Miyazaki devait-il transformer Le Vent se Lève, son dernier film, en une ode à l’ingénieur Jiro Horikoshi, responsable de la mort de milliers de Coréens ? Dans l’île de Giovanni, la guerre est représentée dans toute son horreur, il n’y ni bons ni méchants. Le personnage d’Omoni, une Coréenne qui recueille un moment l’institutrice et les deux frères, a justement été créé pour rappeler les torts des soldats japonais aux spectateurs.
Film émouvant et drôle, l’île de Giovanni -récit historique vu à travers les yeux d’un enfant -enchantera également les spectateurs adultes par ses multiples rebondissements et son ton épique. On appréciera aussi l’intégration réussie de séquences oniriques et fantasmagoriques à la peinture réaliste des événements, Junpei et Tanka puisant la force d’affronter les soubresauts de l’histoire collective grâce à la lecture de la nouvelle Train de nuit dans la voie lactée, histoire philosophique qui met en scène deux jeunes frères, Giovanni et Campanella, auxquels ils s’identifient immédiatement.
Une avant-première du film est prévue cette semaine, le jeudi 24 avril à 20h, à l’UGC Ciné Cité Paris 19, en présence du réalisateur du film.
Dernière minute : 20 avril 2014.
L’île de Giovanni a été sélectionné pour être en compétition au Festival International du film d’animation d’Annecy 2014.
Infos pratiques :
Date de sortie : 28 mai 2014 (1h42min)
Réalisé par Mizuho Nishikubo
Avec : Kota Yokoyama, Polina Ilyushenko, Junya Taniai…
Genre : Animation, Drame, Historique
Nationalité : Japonais
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