Fui banquero, d’Émilie et Patrick Grandperret, en salles le 13 avril / Projection Cinélatino 2016
Patrick Grandperret : passeur de relais et cinéaste de l’errance ? Pourquoi pas ? Dans Mona et moi, un même amour du rock réunissait Pierre (interprété par un jeune Denis Lavant incandescent) et la comète Johnny Thunders dans son propre rôle. Dans J’étais banquier, nouveau duo pour un autre récit de filiation en terres inconnues.
Granperret est un réalisateur qui aime prendre le temps… pour montrer l’état d’esprit de son personnage principal, un jeune banquier Olivier, en déplacement professionnel à Cuba, quelques jours après le décès de son père. Laisser l’imagination faire son œuvre, dans une ville en pleine mutation où les frontières entre mythes et réalité historique sont brouillées… Olivier est un agent du changement, par son travail, il doit faciliter l’ouverture économique de Cuba aux capitaux étrangers mais aussi aux mœurs occidentales… Pourtant, son désir de fuite permanent et son manque d’entrain font de lui un candidat idéal à l’exil, un passager clandestin en partance vers d’autres horizons.
Au moment de quitter l’île, Olivier réalise l’impensable, sur ce qui ressemble à un coup de tête, il reste à Cuba. En fait, il s’agit d’une décision mûrement réfléchie comme il essaie de l’expliquer à son contact à l’ambassade, au chauffeur Jorge devenu son ami et à tous les Cubains médusés qu’il rencontrera. Pourquoi demeurer sur une île où à priori rien ne l’attend ? Olivier ne cherche pas uniquement à rompre avec un quotidien morose, à prendre de la distance avec une petite amie lassante, il veut remonter le temps et retrouver l’innocence de l’enfance à travers le souvenir de son père.
A défaut de retrouvailles, il est question de réparation dans Fui Banquero. Olivier exerce un métier où il faut faire preuve de rigueur, de sérieux; en un sens, il s’est éloigné des valeurs de son père, être fantasque et rêveur qui lui racontait des histoires incroyables sur leur ancêtre, un pirate des Caraïbes. Il existe deux temps bien distincts dans le récit : une première partie très languide où Olivier apprivoise sa souffrance au gré des rencontres et des souvenirs objectivés par les apparitions du père, magnifiquement interprété par Pierre Richard. Puis, un deuxième temps, où l’action est plus resserrée, plus dynamique, c’est celui de la quête, de la plongée en eaux profondes pour s’assurer que le père ne mentait pas, que le navire du pirate existait bien…
Un film sensible sur le deuil et la transmission avec un Robinson Stévenin parfait en jeune homme largué au grand cœur… A noter aussi Antoine Chappey dans le rôle de l’expat au bras long, qui retrouve Patrick Grandperret après avoir joué dans Mona et moi…
Avec Robinson Stévenin, Antoine Chappey, Saulius Liuktus, Pierre Richard, Jorge Padron…
Réalisé par : Patrick Grandperret, Émilie Grandperret
Pays : France
Durée : 1h30
Type : Fiction
Projection à Cinélatino (28e rencontres de Toulouse) le samedi 12 mars, à 14h au Gaumont Wilson, et à Paris, le dimanche 13 mars au Cinéma des cinéastes, à 11h.
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