Moonwalkers, Antoine Bardou-Jacquet, 2 mars
Présenté à l’étrange festival 2015 où il a remporté le prix du public, Moonwalkers réunit l’immense Ron Perlman et Rupert Grint dans une comédie sous acide. Le réalisateur Antoine Bardou-Jacquet est parti d’une théorie conspirationniste : et si la vidéo-preuve de l’alunissage des nord-américains était fausse? Soit un agent de la CIA traumatisé par le Vietnam, Kidman (interprété par Pearlman), envoyé en mission secrète à Londres pour convaincre Stanley Kubrick, choisi après le succès de 2001 l’odyssée de l’espace, de réaliser le film de propagande dont dépend le sort de la mission Apollo. Dès le début de son voyage, le sort s’acharne contre lui : la photo qui lui permet d’identifier Kubrick est abîmée par un voisin de vol anti-yankee -mal lui en prendra- et les quiproquos vont s’enchaîner jusqu’au dénouement final.
Face à Perlman, Rupert Grint, vraiment bien en impresario malchanceux qui manque de confiance en lui. La relation père-fils improbable qui se noue entre les deux personnages est l’une des trouvailles les plus touchantes du film. A Londres, Kidman est confronté à un monde dont il maîtrise mal les codes mais, imperturbable en dépit des flashbacks qui le plongent en plein Vietnam, l’agent de la CIA réussit à imposer sa loi et clouer le bec à une bande de mafieux britanniques qu’on dirait sortis d’un film de Guy Ritchie.
Moonwalkers assume son côté série Z avec son lot de vannes vaseuses, de fusillades gores (sympa les têtes qui explosent comme un ballon de baudruche gorgé de sang) et de stéréotypes culturels sur les différences entre sujets de sa gracieuse majesté et américains.
Antoine Bardou-Jacquet a eu l’excellente idée de plonger le personnage de dur à cuir taciturne interprété par Perlman en plein trip psychédélique et de voir sa carapace se morceler et ses défenses tomber. Autour de lui, sur le plateau du tournage du faux film, une sacrée faune : un réalisateur arty imbu de lui-même, des rockeurs qui portent des costumes de méduse, une tentatrice accro aux acides…
Et même si l’idée de départ n’est pas nouvelle -voir Capricorn One réalisé par Peter Hyams en 1978 à propos d’une fausse mission sur Mars- le réalisateur renouvelle le genre en brassant les influences. Moonwalkers est clairement une comédie qui lorgne aussi vers le film d’action et la satire sociale. Pour conclure, un mot sur la bande-son, elle aussi irréprochable : du White Rabbit des Jefferson Airplane à Funky Kingston de Toots and the Maytals…
Date de sortie : 2 mars 2016 (1h 47min)
De Antoine Bardou-Jacquet
Avec Ron Perlman, Rupert Grint, Robert Sheehan…
Genres : Action, Comédie
Nationalité : Britannique
Commentaires récents