Galavant, une série de Dan Fogelman (saisons 1 & 2)
Galavant, personne n’attendait une seconde saison pour cette comédie musicale qui déconstruit le mythe du prince charmant et tire à boulets rouges sur le romantisme des contes de fées. Et pourtant, they’re back! avec encore plus de numéros chantés, de guests stars –Kylie Minogue, Eddie Marsan (Jonathan Strange et Mister Norrell), ‘Weird Al’ Yankovic, d’humour absurde et même de discours social. Car sous la farce du réalisateur Dan Fogelman qui avait déjà signé un génialissime Neighbours, série à propos d’une bande d’extraterrestres incognito sur terre, l’entreprise de démolition vise à faire réfléchir sur l’attachement du spectateur envers des héros calibrés et stéréotypés.
Galavant : le héros flamboyant est un vrai loser.
Galavant, le chevalier au cœur pur et aux méga biceps, donne son nom à la série. La chanson titre de la première saison nous le présente comme un héros dont on chante la réputation d’âge en âge. Les hommes admirent sa force, les femmes soupirent en le voyant passer. Il ne rêve que de combats où prouver sa bravoure et croit en l’amour éternel. Il pense l’avoir trouvé en la personne de Madalena, une jeune femme aussi magnifique que lui. Manque de chance, elle se fait ravir par un roi local. Et voilà le prétexte des aventures de notre héros pendant la saison 1: libérer sa belle du donjon où Richard, homme vil, injuste et pleutre, l’a enfermée. Dès le générique, sous forme de karaoke, avec petits effets spéciaux qui moquent l’imagerie conte de fée des autres productions ABC telles Once upon a time, on comprend que rien ne se déroulera comme prévu. Madalena s’est rapidement habituée à sa prison dorée et au pouvoir que lui confère son statut de reine.
Galavant, sur son preux destrier, chevauche à toute allure pour s’écraser droit dans le mur. Résultat : la suite des aventures montrera Galavant aux prises avec des idées noires que seule une nouvelle princesse, car Sieur Galavant ne fonctionne que sous l’emprise de sa libido, pourra chasser en tentant de l’aider à récupérer ses terres spoliées par Richard.
Au fil des épisodes, l’image de Galavant s’écorne. Imbu de lui-même, dépendant de son image, gosse de riche méprisant, impulsif, c’est un bellâtre sans cervelle qui prend soin de son corps pour séduire à tout va. On apprend qu’il est atteint d’un complexe d’infériorité vis à vis de son père et son idéalisme, qui le rachetait au début de la saison 1, apparaît comme un dangereux moteur lui faisant commettre les pires âneries. Contrairement au personnage de Richard qui évolue si favorablement qu’il devient le souverain unificateur de tous les royaumes, Galavant n’apprend jamais des autres ou de l’adversité, il reproduit sans cesse les mêmes erreurs. Dans la saison 2, Galavant est réduit à un pur objet sexuel après sa rencontre avec la Reine de la Enchanted Forest (sorte de Marais médiéval) et la réalité rejoint la fiction puisque Kylie Minogue sort avec Joshua Sasse (l’acteur qui incarne Galavant). Good for her!
Déconstruction du conte de fée.
La déconstruction s’opère de différentes manières : par les numéros chantés, les acteurs trompent les attentes générées par leurs personnages chez le spectateur. Le réalisateur a aussi pris soin d’intégrer des personnages secondaires complètement hors-norme, les moines qui ont fait vœu de chanter tout au long de leur vie, la princesse sado-maso Jubilee, le planificateur de mariage qui est le maître des ténèbres absolu… Les relations entre valeureux guerriers se nourrissent de sous-entendus homo-érotiques, et les femmes, loin d’être réduites à de belles princesses sans voix, se débrouillent pour arriver à leurs fins, quitte à batailler comme leurs époux et promis. Bref, rien n’est comme on l’espérait (tout en remettant les pendules à l’heure en mentionnant les mariages de raison, l’inceste chez les rois) et la série ne se prend pas au sérieux : enfin, un show qui divertit en cultivant le non-sense et la distanciation.
Clins d’oeils geeks et dénonciation du cahier des charges des studios
Pour un gars comme Dan Fogelman, pas facile d’exister à Hollywood. Sa première série -qui avait pourtant reçu des prix et comptait un public fidèle- a cessé d’exister après deux saisons. Hors des sentiers battus, le style du réalisateur est assez inimitable. Il maîtrise tous les codes geeks et en même temps, il les détourne pour créer des situations hilarantes. L’armée de zombies réunie par Galavant ne combat que par amour, les géants et les nains ont la même taille, le dragon de Richard est un petit lézard… Les serfs et le couple de cuisiniers n’hésitent pas à exprimer leurs doléances avec des propos anachroniques, quant au bouffon, ses récapitulatifs tout comme les dialogues des personnages secondaires, comportent plein de clins d’œil à d’autres shows sf et fantasy et surtout à l’épée de Damoclès qui pèse sur l’avenir de la série Galavant. Non, Galavant n’est pas Games of Thrones ou le cycle de l’Anneau (dont on reprend deux titres pour les derniers épisodes de la saison 2). Loin de plomber le rythme de la série, les adresses directes au spectateur qu’on implore de rester devant Galavant au lieu de se précipiter vers le Bachelor, font réfléchir tout en divertissant.
Problème : reste à savoir si l’humour de Galavant n’est audible que pour un public conquis d’avance car il partage déjà les codes de la série. Or, pour durer, il faut attirer plus de spectateurs…
Créée par Dan Fogelman (2015)
Avec Joshua Sasse, Timothy Omundson, Karen David, Mallory Jansen, Luke Youngblood, Vinnie Jones…
Nationalité : Américaine
Genre : Comédie
Statut En production
Format : 22 minutes
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