Snoopy et les Peanuts, Steve Martino, 23 décembre
Le pire a été évité avec le nouvel opus des Peanuts. Dans l’hexagone, le chien de Charlie Brown, Snoopy, est plus célèbre que le reste de la bande d’où peut-être la mise en avant du canidé dans le titre destiné au marché français. Mais, les Peanuts, c’est avant tout l’histoire de Charlie Brown, un garçon qui doute énormément… Dans l’univers créé par Charles Schulz au début des années 1950, Charlie Brown est un jeune anti-héros. Il essaie de faire voler son cerf-volant mais échoue à chaque fois lamentablement. Il se rêve champion de baseball mais provoque l’hilarité ou le mécontentement des équipes qu’il sert… Bref, tout le contraire d’un gagnant. Et pourtant, dans l’Amérique conservatrice des fifties, Charlie Brown va devenir le personnage de BD favori de petits et grands.
A l’origine, les petits protagonistes créés par Schulz, peuplent les cases des comic-strips publiés dans les quotidiens comme le Washington Post, le Chicago Tribune, le Denver Post ou le Boston Globe. Mais, dans les années 1960, devant le succès rencontré, Charlie Brown et sa bande d’amis font le grand saut vers la télévision qui diffusera plusieurs moyens métrages dont A Charlie Brown Christmas, l’un des plus populaires à ce jour, notamment à cause de sa magnifique bande-son signée Vince Guaraldi.
Dans l’Amérique contestataire des 70’s, les albums de Schulz continuent d’être appréciés car l’auteur parvint à refléter les préoccupations sociales et raciales de ses compatriotes sans sacrifier à la douceur et l’innocence des rapports humains qui caractérisent ses personnages comme le prouvent ces cases qui marquent la première apparition de Franklin, futur copain noir de Charlie Brown.
Aujourd’hui, le monde a changé et malgré la violence latente, certains groupes sont aujourd’hui mieux intégrés… Dans Snoopy et les Peanuts, on retrouve quand même l’esprit de fraternité qui soufflait sur les anciens comics. La caractérisation des personnages a été respectée à tel point que certaines de leurs répliques cultes font partie du film : « Good Grief! » pour Charlie Brown, le maladroit, et « Nickel, nickel! » pour Lucy la cupide. Les scènes les plus mythiques ont été conservées comme le bureau de consultation de Lucy, l’apprentie–psychiatre qui prend surtout plaisir à malmener Charlie Brown. Quant à la maîtresse, on ne la voit jamais, on entend juste un borborygme, en réalité un son produit par un trombone comme dans les bons vieux dessins-animés diffusés à partir des 60’s.
Les filles continuent de donner du fil à retordre à Charlie Brown. Peppermint Patty, le garçon manqué, s’obstine à le surnommer Chuck et à discuter de longs moments avec lui au téléphone. Quant à Sally, la petite sœur, elle est toujours aussi facétieuse et égoïste. Mais, c’est surtout la nouvelle de l’école, une petite fille mystérieuses aux cheveux roux bouclés, qui retient l’attention de Charlie Brown, foudroyé par l’amour mais incapable de lui adresser la parole… L’enjeu scénaristique, un peu faiblard, de ce nouveau film sera donc de confronter Charlie Brown à une dizaine de situations catastrophes qu’il essaiera de retourner à son avantage pour briller aux yeux de son amoureuse.
Le personnage de Snoopy devient aussi important que Charlie Brown, il bénéficie de superbes séquences d’action. Son imagination plus débordante que jamais, il se lance à la poursuite du Baron rouge, un aviateur maléfique…qui n’existe que dans l’histoire qu’il est en train de taper à la machine. Woodstock lui prêtera main forte dans ce combat inégal… Bill Melendez, l’inséparable associé de Charles Schulz, est d’une certaine manière ressuscité puisque la famille du créateur des Peanuts, par ailleurs co-scénariste et co-productrice du film, est parvenu à imposer au réalisateur d’utiliser les voix enregistrées par Melendez pour Snoopy et Woodstock.
Steve Martino, scénariste sur Madagascar et réalisateur de L’âge de glace 4, sacrifie donc à la tradition. Il utilise également les scores originaux du Vince Guaraldi trio, indissociable avec ses mélodies jazzy de l’ambiance Peanuts.
Comment comprendre alors l’immonde chanson, « Better When I’m Dancin » interprétée par Meghan Trainor, qui squatte le milieu du film lors de la compétition de danse ? Sûrement un sacrifice aux studios qui n’envisagent pas que les kids d’aujourd’hui puissent apprécier autre chose que la soupe formatée des radios FM actuelles… A part ce faux pas de mauvais goût, un Peanuts qui respecte le merveilleux esprit de Schulz et ravira nostalgiques ou jeunes spectateurs qui ne connaissaient pas le comic initial.
Date de sortie : 23 décembre 2015 (1h28min)
Réalisé par Steve Martino
Avec Noah Schnapp, Bill Melendez, Francesca Capaldi…
Genre : Animation, Famille, Aventure
Nationalité : Américain
Pour aller plus loin :
The Aaugh blog : nouveaux albums, produits dérivés, articles de fond…
« Why I loved Charlie Brown and the Peanuts Cartoons » à consulter sur le site du Guardian
Le moyen-métrage A Charlie Brown Christmas, à voir dans son intégralité via Dailymotion
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