My skinny sister, Sanna Lenken, 16 décembre
My skinny sister serait la cousine scandinave de Little Miss Sunshine selon le Hollywood Reporter. Vraiment ? Stella, nouvel avatar de la gamine bouboule au cinéma, ne porte pas de lunettes. Et ce n’est pas la seule différence avec le modèle nord-américain… Alors qu’Olive se dépensait sans compter pour concourir à l’élection de la plus belle mini-miss, Stella patine sans grande conviction. Le spectateur comprend assez rapidement qu’elle s’intéresse davantage à sa collection entomologique qu’aux figures exécutées par les autres sportives en herbe… Mais, le problème pour Stella, c’est de grandir dans l’ombre d’une grande sœur, Katja, que tout le monde admire. Alors, bien vite, Stella est prise dans une spirale d’émulation assez malsaine. Elle fréquente le même club de sport, l’accompagne faire du jogging, et s’imagine même dans les bras du bel entraîneur…
Si le road-movie Little Miss Sunshine célébrait une famille – en apparence – dysfonctionnelle pour dénoncer les dangers de la normalité prônée par les concours de beauté, My Skinny Sister fonctionne dans le sens inverse. Les deux sœurs et leurs parents forment une famille idéale mais dont la belle façade finit par voler en éclats avec la découverte de l’anorexie de Katja… Constitué de deux parties aux tons et rythme assez distincts (l’avant découverte, très drôle et l’après, tragique), My Skinny Sister prend soin d’installer le cadre familial (père papa poule, mère absente et autoritaire) avec beaucoup de finesse; les causes de la maladie de Katja importent moins que les répercutions de la divulgation du secret. Composant de magnifiques scènes de complicité sororales, la réalisatrice fait preuve d’inventivité pour suggérer les sentiments contradictoires (jalousie, admiration, colère) qu’inspire Katja à Stella.
Dans le premier tiers du film, la rivalité entre les deux sœurs prend des tours cocasses, notamment lorsque Katja effraie Stella en comparant son duvet à une moustache. Mais assez rapidement, la réalisatrice distille des indices quant à la violence renfermée par Katja. La belle patineuse se révèle bientôt assez inquiétante et Stella est prise dans un odieux chantage. Après son court-métrage « Eating lunch » présenté à la Berlinale en 2013, Sanna Lenken fait de nouveau de l’anorexie mentale le pivot de son histoire. Mais, en nous faisant partager le point de vue de la petite sœur, qui ne sait plus si elle doit garder le secret par solidarité, ou au contraire se libérer du chantage affectif, la réalisatrice singularise son récit qui gagne alors une profondeur et universalité inattendues.
Date de sortie : 16 décembre 2015 (1h35min)
Réalisé par Sanna Lenken
Avec Rebecka Josephson, Amy Deasismont, Henrik Norlén…
Genre : Comédie dramatique
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