Quand je ne dors pas, Tommy Weber, le 30 septembre
Paris, la nuit. Un guichet de gare, des bars, des cours d’immeubles, des escaliers qui mènent à des soirées d’anniversaire… Pour les autres oiseaux de nuit qui le croisent, Antoine, pas encore complètement adulte avec sa bouille de gamin, déambule, semble-t-il, sans but. En fait, si, il s’est mis en tête de quitter Paris, cette amante ingrate, et d’aller voir la mer, n’importe où, au départ de St Lazare.
Il n’a pas un sou en poche pour acheter son billet. Alors, il s’improvise vendeur d’herbe. Son fournisseur habite un appartement immense avec vue sur la Tour Eiffel. Il n’a pas l’air très commode mais avec Antoine, il prend davantage une posture de grand-frère que d’employeur… Comment Antoine, lunaire et naïf, a-t-il fait sa connaissance ? On ne le saura jamais. Dans le film de Tommy Weber, l’ellipse s’érige en figure de style poétique. Pour mettre en scène l’errance, certaines pages peuvent rester blanches. Trous de mémoire : l’alcool aide à garder le moral ou patienter avec philosophie. Il dessine aussi des frontières plus floues entre les statuts sociaux.
Tel un Don Quichote des temps modernes, Antoine enfourche plusieurs destriers : un cheval blanc onirique ou un vieux vélo, lui, bien réel, pour se donner du courage face à des Dulcinées évanescentes et parfois cruelles. La ballade d’Antoine, musicien désargenté qui n’hésite pas à pousser la chansonnette pour exprimer ses mouvements d’âme, a un charme fou.
On est tenté de chercher d’illustres ancêtres à Quand je ne dors pas. Le noir et blanc, la valse–hésitation des sentiments amoureux et le prénom du protagoniste font assez vite penser à la Nouvelle Vague et Truffaut. Mais Tommy Weber impose un style bien à lui, rendant la ville intemporelle, presque anonyme. Les cadrages aussi, tout comme les gros plans et certaines contreplongées, instillent doutes et ivresse. Porté par des acteurs talentueux, de Jacques Weber à Aurélien Gabrielli dont c’est le premier rôle au cinéma, Quand je ne dors pas invite à une belle promenade au bout de la nuit qui ravira noctambules et rêveurs.
Date de sortie : 30 septembre 2015 (1h22min)
Réalisé par Tommy Weber
Avec Aurélien Gabrielli, Elise Lhomeau, Hortense Gélinet…
Musique : Thibault Chevaillier
Genre : Romance
Nationalité : Français
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