Séries à suivre…
Cette semaine, Cinescribe se penche sur quatre séries inédites en France qui ont cartonné aux USA et au Royaume-Uni.
- Jonathan Strange and Mister Norrell, diffusé sur la BBC one, une saison.
Comme toujours avec les productions de la BBC, on a droit à un show de qualité, réalisé par Peter Harness. Dans les rôles principaux, d’excellents acteurs. Eddie Marsan qu’on avait apprécié dans le long-métrage Une belle fin interprète Mister Norrell, un magicien entre deux âges, qui essaie de s’approprier l’ensemble des livres de magie de l’Angleterre pour empêcher le retour du Roi Corbeau, magicien tout puissant du Moyen-Age. Face à ce lettré qui fréquente les salons savants, Jonathan Strange, jeune magicien naïf et impétueux, son opposé en tempérament, interprété par Bertie Carvel, acteur de théâtre et de comédie musicale chevronné, plusieurs fois récompensé outre-manche pour ses prestations sur les planches.
Adapté du roman éponyme multi-primé de Susanna Clarke, la série de la BBC One se déroule au début du XIXe siècle, pendant les guerres napoléoniennes -la diffusion du pilote de la série, en mai 2015, n’est peut-être pas un hasard puisqu’on s’apprête à célébrer en Angleterre la victoire de Waterloo contre Napoléon. L’histoire est simple : Strange et Norrell mettent leurs pouvoirs au service de l’armée britannique ce qui gratifie le spectateur de somptueuses scènes de bataille où l’épique le dispute au fantastique. Mais l’intérêt de cette adaptation assez fidèle repose essentiellement sur la rivalité grandissante entre les deux magiciens, thème typique, qu’on songe ainsi au Prestige de Christopher Nolan qui voyaient déjà s’affronter Hugh Jackman et Christian Bale au cinéma.
Au fil des épisodes, Jonathan Strange & Mister Norrell gagne en noirceur. Quant aux personnages secondaires, les mystérieux Childermass, le servant de Norrell au passé trouble, The Gentleman, qui règne sur le pays magique de Lost Hope, et Segundus, magicien déguisé en médecin aliéniste, ils s’épaississent, laissant présager rebondissements et nouvelles pistes.
La série n’est pas uniquement divertissante. Si elle transporte le spectateur dans une vision historique alternative et magique de l’Angleterre, elle se fait l’écho de questionnements philosophiques que l’on retrouvait dans le roman de Clarke. Strange et Norrell, rivaux, sont d’une certaine manière les deux faces d’une même monnaie. Leur guerre d’égos fait des victimes collatérales : les femmes qui sont réduites au silence et à la folie de Lost-Hope. A travers leur ascension vers le pouvoir, on découvre deux conceptions du savoir et de l’identité anglaise. Strange incarne le romantisme anglais à l’état brut. Une sorte de William Blake fictionnel. Passionné, parfois irraisonné, il fait preuve de dangereuses fulgurances. Sa pratique de la magie est instinctive. Il ne renie pas l’héritage du Moyen-Age mais va au contraire y puiser des forces supplémentaires pour combattre Norrell et restaurer un art magique accessible à tous. A travers l’existence qu’il mène avec son épouse Arabella, c’est l’exaltation des sens mais aussi une certaine forme de sincérité et d’égalité qui sont prônés. Norrell est, lui, un produit de son époque. Homme de raison, assez peureux, très sensible la flatterie, il incarne un savoir académique, forgé par la lecture. Souvent hautain, il se méfie de toutes les formes de magie pratiquées par le peuple. A travers ce personnage, la série, et avant le roman, écornent un héritage fondé sur le sentiment de classe, héritage qui continue aujourd’hui de caractériser une partie du fonctionnement de la société britannique.
- iZombie, diffusé sur la chaîne nord-américaine CW, une saison.
On traverse l’Atlantique pour une autre adaptation d’une œuvre littéraire… en fait, d’un comic-book signé Chris Roberson and Michael Allred. La série de Rob Thomas, à qui l’on doit déjà Veronica Mars, appartient au genre qualifié de « procedural » aux USA. Quezako? Tout simplement que chaque épisode correspond à une enquête à résoudre. L’héroïne de iZombie s’appelle Liv (ah ah jeu de mot!) et sa caractéristique principale est d’être une mort-vivante. Petite différence avec la BD : dans la série, elle n’officie plus comme fossoyeuse mais comme médecin attachée à la morgue. Autrefois promise à une brillante carrière, elle a été transformée en zombie par Blaine (interprété par David Anders, le méchant d’Alias), un dealer d’Utopium, au cours d’une fête qui a très mal tourné. Autre différence avec le comic-book : Liv ne perd plus ses souvenirs en mangeant les cerveaux qu’elle charcute à la morgue. Au contraire, et c’est là le sel de la série, elle s’humanise en partageant les dernières visions des morts dont elle vient d’ingurgiter la matière grise. Ses visions lui permettent de résoudre des enquêtes mais surtout de vivre des expériences qu’elle s’était jusqu’alors complètement interdites, études et famille un peu coincée oblige.
Une série plaisante, souvent drôle, avec un suspense savamment entretenu autour de la zombification progressive de la ville par Blaine, nemesis de Liv.
- Welcome to Sweden, une série de Greg Poehler, deux saisons diffusées en Suède (TV4) et aux USA (NBC).
Les stéréotypes culturels peuvent faire rire… et donner naissance à une sitcom à succès. C’est ce que Greg Poehler a dû se dire en émigrant en Suède pour suivre sa petite amie. Largement autobiographique, la série suédoise Welcome to Sweden s’inspire des péripéties du réalisateur, installé en Suède depuis 2006. Comme son alter-ego Bruce dans la série, Poelher a tout quitté par amour. Ancien avocat, il a décidé d’embrasser la carrière de comédien et de réalisateur après son déménagement. Un vieux rêve qu’il caressait depuis ses études à la fac… Il faut dire que le gène courrait dans la famille. Greg Poehler est le frère d’Amy Polher à qui l’on doit la série Parks and Recreation. La frangine s’invite d’ailleurs régulièrement dans le show de son petit frère. Une série qui compte sur un casting de guest-stars récurrentes ou ponctuelles : Patrick Duffy dans le rôle du père de Bruce, Lena Olin dans celui de la mère d’Emma, la fiancée de Bruce ou Jason Priestley et Jack Black dans deux épisodes de la deuxième saison. Les gags sont souvent énormes, pas très fins, mais le rythme et la candeur du héros principal (mention spéciale à l’épisode enterrement de vie de garçon) rendent cette série très sympathique.
Welcome to Sweden – Trailer Saison 1 (NBC) [VO|HD]
- Mister Robot, pilote officiellement diffusé sur le Net, première diffusion sur USA le 24 juin.
Énorme buzz autour de ce pilote avec une diffusion légale du pilote avant sa « premiere » à la télévision nord-américaine. La chaîne et les créateurs ont aussi attiré pas mal de monde autour des visuels affichés sur la page facebook officielle. Une série qui se voudrait un immense pied de nez aux différentes majors et au système capitaliste en général. En tout cas, Mister Robot est marketé comme tel. Pourquoi on recommande ? Pour ses acteurs principaux : Christian Slater dont c’est le retour gagnant et Rami Malek, parfait en hacker justicier. Mais aussi et surtout pour son réalisme : pour la première fois à la télévision et peut-être même au cinéma, le hacking ne se réduit pas à des doigts qui pianotent à toute vitesse sur un clavier, procédé visuel ridicule ! Dans Mister Robot, on cause social engineering et les lignes de code pourraient fonctionner. A suivre donc en espérant que le côté conspirationniste ne fasse pas sombrer la série dans le grand n’importe quoi.
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