Maya, donne-moi un autre titre, Michel Gondry, 18 juin

Michel Gondry poursuit son oeuvre mémorielle intimiste en mettant en scène – pour la 2e fois – les aventures colorées et loufoques de sa fille Maya. Avec Maya, donne-moi un autre titre, il signe un nouveau film d’animation qu’on croirait bricolé avec trois fois rien mais qui révèle des trésors d’ingéniosité et un vrai sens du récit.

On craignait la redite, l’accumulation de scénettes rigolotes, le souffle et l’originalité en moins. Il n’en est rien. Gondry filme une série de 10 histoires courtes qui disent le temps qui passe, la nostalgie de l’enfance. Eh oui, Maya a grandi ! Elle se rêve encore en super-héroïnes, endossant le costume de pompier ou de fée mais, elle aspire aussi à autre chose. Maya voyage, prend l’avion, le dirigeable, fend les flots sur une pieuvre géante, soigne les gens en prescrivant des bains de toute sorte… Ouf, on retrouve dans ce 2e opus ce petit grain de folie qui est la marque de fabrique des films de Michel Gondry.

Ce qui caractérise aussi les films centrés sur Maya c’est le mouvement. Gondry multiplie les moyens de transport rocambolesques pour mettre en scène les mini-épopées de son enfant. Maya part le rejoindre à Los Angeles, Maya transforme une visite scolaire en périple mystérieux, Maya vole, nage sous l’eau, enfourche une moto Yamaya (ah ah petit jeu de mot!), conduit une baignoire… Ces déplacements incessants n’obéissent pas à la pensée magique de l’enfant. Gondry prend le contre-pied du discours ambiant qui vise à enfermer de plus en plus tôt les enfants dans des déterminismes sociaux-culturels : il n’y a pas de limites à leurs rêves et à ce qu’ils peuvent accomplir.

Comme dans le 1ier opus, sous couvert du rire pointe un sentiment d’inquiétante étrangeté comme lorsque la maman de Maya disparaît, puis est démultipliée à l’infini, transformant la Terre en royaume des Mamans. Le motif du double est omniprésent dans l’oeuvre de Gondry, on se souvient notamment des acteurs Pierre Niney (remercié ici dans le générique de fin) et Jack Black dans Be Kind Rewind (Soyez sympas, rembobinez). Certains commentateurs verront peut-être dans ces dédoublements en chaîne et dans l’euphorie qui les précède, un symptôme de la santé mentale du réalisateur qui a récemment révélé être atteint de troubles maniaco-dépressifs. Dans Maya, Donne-Moi un Autre Titre, il est moins question d’alter-ego que de transmission parentale. Gondry est un exemple à suivre : malgré une vie professionnelle bien remplie, il a toujours trouvé le temps de communiquer et de créer du lien avec ses enfants.

Quant à l’animation, en stop motion et en papiers découpés, elle est bluffante ! Gondry, dans une séquence d’ouverture, se moque gentiment des réalisateurs dotés d’équipements techniques dernier-cri. Maya, donne-moi un autre titre s’érige alors en manifeste pour un retour à la magie des débuts du cinéma, façon Georges Méliès. Il suffit de quelques artifices, pourvu qu’on ait l’imagination, pour créer des univers entiers.

18 juin 2025 en salle | 1h06min | Animation
De Michel Gondry
|Par Michel Gondry
Avec Blanche Gardin, Maya Gondry

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