Dragons, de Dean DeBlois, 11 juin 2025
Dragons est l’adaptation en prise de vues réelles du long-métrage d’animation du même nom, sorti en 2010 par les studios Dreamworks. Quasi copie conforme, réalisé par le même réalisateur, Dean DeBlois, qu’en 2010, Dragons pourrait n’être que le symptôme du manque d’imagination des studios ou leur obsession à tout transformer en franchise, exploitée jusqu’à l’écoeurement (voir ce que Disney a fait avec Star Wars !) Mais, Dean DeBlois réussit le tour de force de rendre le film à la fois attrayant et émouvant. Sous ses dehors de divertissement familial, Dragons est un mini-manifeste écologique pour la cohabitation des espèces et l’ensauvagement. Explications.
Il aura suffi d’une scène pour faire oublier le village de vikings en carton-pâte et la niaiserie des personnages d’adolescents stéréotypés. Harold, le fils indigne du chef, trop intello pour être un guerrier, trop rebelle pour être digne de confiance, fend les airs en chevauchant son dragon. Passons sur la portée freudienne de l’acte (s’envoyer en l’air), et cela d’autant plus que notre héros sera vite rejoint par la jeune fille dont il est secrètement amoureux. Le réalisateur ne se contente pas de filmer cette cavalcade aérienne comme une énième scène d’action. Non, il montre comment animal et homme font corps, unis par un accord tacite qui leur permet de communier avec les forces de la nature, ici matérialisées par un majestueux paysage de canyons maritimes et d’aurores boréales.
Si le film suit le déroulé classique du Bildungsroman (roman initiatique propre aux contes et à la fantasy), les séquences où Harold apprend à gagner l’estime des siens (après avoir été la risée de tout le village) comptent finalement moins que les moments, plus intimes, passés avec le dragon qu’il soigne en secret. Le potentiel comique des entraînements dans l’arène tient davantage au minois roublard en diable du jeune acteur (Mason Thames) qu’aux jeux de mots de l’entraîneur en chef, Geulfor (Nick Frost) ou aux rivalités cartoonesques des autres concurrents au titre de guerrier ultime. Mason Thames interprète un outsider qui ne se contente pas d’opposer la réflexion à la force brute. Très instinctif, il accepte d’apprendre d’une bête qu’on lui a toujours décrite comme monstrueuse.
En ce sens, malgré sa dimension ultra-marketée, Dragons est un film aussi retors que son héros principal. On croit voir un film d’action, on est face à une tragédie grecque chez les Vikings. Et finalement, ce qui reste, après un final blockbuster en diable, c’est cette séquence en apesanteur où animal et homme s’associent pour rendre la vie meilleure. Un appel au pastoralisme, troublant en ces temps où des espèces qui participent à la régulation des écosystèmes comme le loup ou certains oiseaux voient leur protection abaissée par des directives européennes.
11 juin 2025 en salle | 2h05min | Action, Aventure, Fantastique
De Dean DeBlois
|Par Dean DeBlois
Avec Mason Thames, Gerard Butler, Nico Parker
Titre original : How to Train Your Dragon
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