Freud, la dernière confession, de Matt Brown, 4 juin

Inspiré de la pièce de théâtre éponyme du dramaturge nord-américain Mark St. Germain, Freud’s Last Session (maladroitement traduit en français par Freud, la dernière confession) sortira demain en France. Pour jouer un homme de la stature de Freud, il fallait un autre géant : c’est Anthony Hopkins (magistral une fois de plus) qui s’y colle, infusant au psychiatre toute la rage dont il a pu être coutumier dans d’autres rôles. Ce film – qui n’a rien de voyeur ou de croustillant malgré son titre aguicheur – s’intéresse aux dernières années de Freud. De Freud, le quidam moyen retient le complexe d’Oedipe. Par contre, peu de gens savent que l’intellectuel à l’origine d’un système de cure basé sur la parole fut atteint d’un cancer de la mâchoire les seize dernières années de sa vie. Ironique, non ? Dans son ouvrage La mâchoire de Freud, le psychanalyste Yann Diener mettait en parallèle le handicap de Freud avec l’incapacité actuelle de nombreuses personnes à communiquer hors prothèses virtuelles (chatroom, réseaux sociaux, whatsapp et j’en passe…)

Copyright Condor Distribution

Freud, la dernière confession est une ode à la parole : dans ce film deux hommes – Freud et le romancier C.S. Lewis – s’affrontent mais apprennent aussi à se connaître à travers une longue joute verbale. La dimension philosophique de cette discussion pourra rebuter mais si l’on prend le temps de s’intéresser aux arguments de l’un et l’autre, nul doute qu’on sortira un peu moins bête de la salle de projection. L’intime et le politique se mêlent. C.S. Lewis est traumatisé par la grande guerre et Freud évoque son incapacité à comprendre sa fille, Anna, elle-même psychanalyste. Matt Brown a choisi de décloisonner l’action qui ne se limite pas au cabinet médical. La présence de flashbacks brise aussi la théâtralité du dispositif initial.

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Dans Freud, la dernière confession, on cause mort, existence de Dieu, trauma, sexualité… Un cartel de fin nous apprend que la rencontre entre le chrétien – et très catholique – C.S. Lewis et Freud n’est pas avérée historiquement. Who cares ? Le film de Matt Brown (et avant cela la pièce de Mark St. Germain) était avant tout prétexte à montrer deux brillants esprits – aux croyances opposées – s’affronter. Discuter pour le plaisir d’échanger des idées, et peut-être au final pour accepter – sans toutefois l’épouser – le point de vue de son contradicteur. Cela change de notre époque consumée de vaines polémiques.

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4 juin 2025 en salle | 1h50min | Drame
De Matt Brown
|Par Mark St. Germain, Matt Brown
Avec Anthony Hopkins, Matthew Goode, Liv Lisa Fries
Titre original : Freud’s Last Session

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