The Last Showgirl, Gia Coppola, 12 mars

Si Pamela Anderson trouve avec The Last Showgirl, le rôle d’une vie, le dernier long-métrage de Gia Coppola, parfois bancal, toujours sensible et pudique, est une belle plongée dans les coulisses du Las Vegas des revues. Il y a beaucoup d’éléments autobiographiques concernant la réalisatrice dans The Last Showgirl. D’abord, le personnage d’Hannah, la fille dont Shelly (Pamela Anderson) s’est séparée pour vivre sa passion du nude dancing, a étudié la photographie, comme Gia Coppola au Bard College.

Copyright Constantin Film / Courtesy of Goodfellas

Ensuite, tout comme Hannah, Gia n’a pas connu son père (décédé dans un accident de bateau) et elle a été élevée par des parents proches. Pas étonnant qu’étant issue d’une constellation familiale dont les ramifications, toujours complexes, portent en elles leur lot de drames intimes, Gia ne fasse de la famille recomposée l’un des motifs centraux de ce nouveau film.

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Bien sûr The Last Showgirl, chant du cygne, est avant tout un film sur le sort peu enviable réservé aux femmes de plus de 40 ans dans l’industrie du divertissement nord-américaine. Pamela Anderson, avec des petits airs de Marilyn Monroe, en beaucoup plus résiliente néanmoins, est époustouflante dans le rôle d’une ancienne star de revue à succès The Razzle Dazzle, inspirée du Lido à Paris.

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La multiplicité des points de vue permet d’opposer deux conceptions du spectacle. D’un côté, les danseuses plus expérimentées comme Shelly, avec ses propres références artistiques européennes – l’opéra, le ballet classique, la danse des 7 voiles interprétée autrefois par Ida Rubinstein – tiennent à une certaine forme d’élégance et s’opposent à l’érotisme cheap. De l’autre, de jeunes danseuses, souvent en rupture familiale comme Jodie (Kiernan Shipka), sont prêtes à toutes les poses lascives pour ne pas se retrouver à la rue.

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A noter : la présence au casting de deux pointures d’Hollywood, dans des rôles à contre-emploi, mais qu’ils endossent à la perfection. Dave Bautista, seule vraie présence masculine à l’écran, est émouvant en régisseur nounours qui exprime maladroitement son affection et son inquiétude pour Shelly. Quant à la mythique Jamie Lee Curtis, sex-symbol des années 1980, elle joue Annette, serveuse de cocktail grande gueule et vulgaire.

Le déhanchement pathétique de Jamie Lee Curtis, juste avant d’annoncer à Shelly qu’elle a tout perdu, son job, sa maison, résonne différemment au regard des dernières minutes du film. Si paillettes, froufrous et strass, synonymes de rêve, font oublier aux danseuses qu’elles sont exploitées du début de leur carrière jusqu’à leur licenciement, contrairement au régisseur qui cumule retraite et assurance santé, la trajectoire d’Annette constitue l’envers du rêve américain.

Le dénouement abrupte du film pourra agacer : Gia Coppola abandonne en route toutes les amorces de back stories mais le spectateur pourra la remercier d’avoir mis en scène un bel exemple de sororité. La force de Shelly, Annette, et Jodie réside moins dans leur plastique irréprochable (qui un jour finit par se faner comme l’explique avec violence mais réalisme le directeur de casting) que dans leur capacité à s’entraider face aux épreuves imposées par le patriarcat machiste.

12 mars 2025 en salle | 1h29min | Drame
De Gia Coppola
|Par Kate Gersten
Avec Pamela Anderson, Dave Bautista, Jamie Lee Curtis

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