Paris of the North, 25 mars, Hafsteinn Gunnar Sigurðsson
Article initialement publié dans le cadre du Arras Film Festival (16 novembre 2014)
Dans Paris of the North, film islandais, on se quitte, on se cherche, on se perd, on se retrouve pour mieux se fuir. Hugi, instituteur de 37 ans, est venu s’enterrer dans un village perdu dans la région des fjords de l’ouest pour reprendre le contrôle sur sa vie. Coureur chevronné, son quotidien est marqué par des leçons de portugais, des rencontres avec le groupe d’alcooliques anonymes local et des parties de foot avec l’un de ses élèves, le jeune Albert. Mais, si Hugi est parvenu à rester sobre, dans son esprit, les choses semblent encore plus emberlificotées que jamais.
L’enseignant est devenu une figure paternelle de substitution pour Albert, qui est pourtant le fils d’Erna, la femme qu’Hugi vient d’abandonner lâchement. Pour compliquer le tout, le père d’Albert, Richard, est le compagnon de sobriété d’Hugi; il accepte difficilement de voir son fils s’éloigner de plus en plus de lui pour rechercher l’estime de son instit. Quant au parrain d’Hugi aux AA, c’est Svanur, le père d’Erna, qui semble enfin avoir trouver en la personne d’Hugi un beau-fils digne de ce nom. Enfin, Hugi doit faire face à l’arrivée impromptue de son père, Thorfinnur, un redoutable manipulateur qui a préféré mener une vie d’aventurier en Thaïlande au lieu de s’occuper de lui.
Compliquez me direz-vous ? pas tant que ça… Paris of the North est avant tout une histoire de pères et de fils qui n’arrivent plus à se supporter. Le réalisateur Hafsteinn Gunnar Sigurdsson campe sa caméra dans de majestueux paysages qui accentuent encore un peu plus la solitude des personnages et leurs tentatives désastreuses pour donner un semblant de sens à leur existence. Si la direction d’acteurs sonne juste (Helgi Bjornsson qui interprète le père d’Hugi est formidable!), on se demande parfois où veut nous entraîner le réalisateur.
Que penser à la fin du film ? Qu’il fait gris et froid en Islande et que le mauvais climat est responsable de la déprime des protagonistes? Que la Nature a beau être enchanteresse, on s’y ennuie tellement qu’on noie son chagrin dans l’alcool ? Que pour être un bon père, il faut d’abord penser à soi ? La plupart des questions restent en suspens, dans un film qui, grâce à une bande-son parfaite – les dynamiques compositions du groupe islandais Prins Póló– et des personnages attachants, se regarde sans déplaisir.
Paris of the North (Paris Nordursins)
Date de sortie : 25 mars 2015 (1h38min)
Réalisé par Hafsteinn Gunnar Sigurðsson
Avec Björn Thors, Helgi Björnsson, Nanna Kristín Magnúsdóttir
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