Dounia, le grand pays blanc, de Marya Zarif et André Kadi, 12 mars, 35e édition Ciné Junior
Film découvert dans le cadre de la 35e édition du festival Ciné Junior qui a lieu actuellement dans 63 cinémas et lieux culturels en Ile de France.
La réalisatrice syrienne Marya Zarif collabore de nouveau avec André Kadi, fondateur du studio Du coup animation (auquel on doit Hola Frida sur la peintre mexicaine), pour mettre en images la suite des aventures de Dounia, petite réfugiée syrienne. Le premier opus racontait le long chemin semé d’embûches vers une terre d’accueil. A la fin de Dounia et la princesse d’Alep, on quittait la petite fille et ses grands-parents, bien installés au Canada. Changement de décor donc pour Dounia, le grand pays blanc ! Distribué en France par Haut et Court, le 2e épisode des aventures de Dounia, petite fille avec des éclats d’étoiles dans les cheveux, est un long-métrage d’animation bourré d’optimisme.
A partir d’un sujet politique controversé (l’accueil des migrants), les deux réalisateurs créent un univers multiculturel bienveillant et accueillant. Les principales difficultés rencontrées par Téta Mouné (la grand-mère), Jeddo Darwich (le grand-père) et la petite fille sont d’ordre gastronomique et linguistique. Comment préparer de bons petits plats, mijotés comme là-bas, sans la grenade, la menthe fraîche ou le sumac ? Comment se faire comprendre de tous ces québécois chaleureux sans les vexer ou paraître mal élevés ?
On pourrait reprocher aux réalisateurs un trop plein d’angélisme mais le parti pris des scénaristes est de porter haut et fort un message de paix entre les peuples. La figure de l’altérité se dédouble avec les personnages de Miguizou, le jeune Atikamekw, et bien sûr, Grand-Loup, homme taciturne, qui préfère la compagnie des bêtes à celle des humains. En évoquant l’enlèvement de millions d’enfants à leurs parents autochtones par le gouvernement canadien et les institutions religieuses de l’époque (sous couvert d’intégration), le film établit un parallèle avec la maltraitance dont sont victimes aujourd’hui les jeunes migrants isolés. Dounia, déjà durement éprouvée par la guerre, orpheline de mère, a plus que jamais besoin de son père, resté au pays.
Avec beaucoup de malice et d’humour (mention spéciale au personnage du grand-père qui perd son tarboush – chapeau rouge – dans la tempête !), à travers des chansons à la fois émouvantes (le tambour coeur) et détonantes (le swing endiablé de Grand Loup), Dounia, le grand pays blanc est une ode à la tolérance et à la convivialité. Les différences des uns et des autres sont source de richesse, à condition de prendre le temps de se regarder et de se connaître. Marya Zarif et André Kadi ont consulté Mariette Niquay-Ottawa, aînée de la communauté de Manawan, afin de transcrire au mieux les rituels et chants Atikamekw auxquels participent les personnages.
Pour celles et ceux qui aimeraient s’expatrier au Québec, le film fait également office de magnifique carte postale. Cabane à sucre, traditions amérindiennes, nature majestueuse et envoûtante, chaleur des québécois : jamais cette région canadienne n’aura autant semblé attirante. L’amour que portent les deux réalisateurs au Canada est aussi la preuve de leur magnifique parcours d’intégration : tout en célébrant la gastronomie, la musique et la poésie de leurs ancêtres, ils ont embrassé la culture québécoise et en sont devenus les ambassadeurs !
12 mars 2025 en salle | 0h52min | Animation
De Marya Zarif, André Kadi
Avec Rahaf Ataya
Sélectionné au festival d’animation d’Annecy, à l’édition 2024 de Mon Premier Festival, projeté depuis cette semaine à Ciné Junior.
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