Tony, Shelly et la lumière magique, Prix du jury Contrechamp (Annecy 2023), de Filip Pošivač, 11 décembre
Une nouvelle pépite de l’animation tchèque, Tony, Shelly et la lumière magique, est un magnifique conte fantastique aux accents écologiques, à découvrir en famille à l’approche des fêtes. Tony est un petit garçon qui vit reclus dans son appartement. Ses parents le surprotègent. Toni est né avec une particularité qui est vite devenue un handicap : son corps brille. Emmitouflé des pieds à la tête, cachant son visage derrière un masque, Toni se dérobe aux regards et lorsque, timidement, il essaie d’explorer son immeuble, sa mère, souvent au bord de l’hystérie, tire sur sa laisse (une immense corde nouée à sa ceinture) afin de lui intimer de rentrer.
Sur ces sombres prémices vient se greffer une lumineuse histoire d’amitié filmée en stop motion. Shelly, fille d’une danseuse étoile déchue, emménage dans la résidence de Tony. Bien vite, la petite fille se lie d’amitié avec le mystérieux garçon. Les protagonistes de Tony, Shelly et la lumière magique, ont en commun d’être mal aimés. Leurs parents ne sont pas méchants mais l’affection qu’ils portent à leur progéniture est mal dirigée, se révélant parfois toxique, étant le reflet de leurs propres peurs et névroses. Le réalisateur, qui s’est inspiré de Gaudi et aussi de l’architecture art nouveau qu’on peut contempler dans les immeubles de Budapest, a fait de la résidence de Tony et Shelly un personnage à part entière, qui devient le miroir des sentiments ressentis par les héros.
Dans les deux cas, Tony et Shelly, échappent à la chape de plomb qui s’abat sur eux par le rêve et l’aventure. Shelly possède un kaléidoscope magique qui transforme les objets au gré de son imagination. Le film, s’il possède indéniablement une dimension psychanalytique, fait la part belle au fantastique avec une galerie de personnages bizarres, dotés d’étranges pouvoirs.
Le plus marquant d’entre eux est le vieux gardien, qui semble un antagoniste au début de l’histoire. Il cache un terrible secret et abrite une créature menaçante. L’intérêt de ce long-métrage enchanteur (qui a parfois des allures de premiers films de Tim Burton) est le renversement des apparences. Au final, l’ombre se révèle lumière et la bien-pensance des habitants de l’immeuble, monstruosité.
11 décembre 2024 en salle | 1h22min | Aventure, Animation, Famille
De Filip Pošivač
|Par Jana Srámková
Avec Michael Polak, Antonie Baresová, Ivana Uhlířová
Titre original Tonda, Slávka a kouzelné světlo
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