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Critique super méchante : Daddio, Christy Hall, 4 décembre 2024

par Nausica Zaballos-Dey · 3 décembre 2024

« Men love women dumb as shit » En 2024, dans un film qui plus est réalisé par une femme (Christy Hall), on pensait qu’on n’entendrait plus ce genre de poncif misogyne débile. Mais non, et c’est le grand Sean Penn, immense acteur (deux fois oscarisé, pour Mystic River et Harvey Milk) qui prononce cette répartie qu’on croirait sortie d’un vieux nanar des années 1980 avec Burt Reynolds. Mais qu’est-il allé faire dans ce drame intimiste qui prend la forme d’un dialogue pseudo franc entre deux êtres enfermés dans l’habitacle d’un taxi ?

Projeté au Festival du Film Américain de Deauville, mais aussi au TIFF de Toronto, Daddio n’est pas en soi un film raté. Penn et Dakota Johnson sont charmants. Le film est plutôt emblématique d’une époque qui se veut progressiste mais qui sous couvert de political correctness, charrie des effluves de conservatisme rance. « I’m not that kind of girl! » (je ne suis pas ce genre de fille) s’exclame Dakota Johnson, qui joue la passagère, une trentenaire empêtrée dans une histoire sordide avec un homme marié.

Ancré dans une soi-disant réalité newyorkaise, on est pourtant bien loin des dialogues enlévés, des joutes verbales à la fois cyniques et spirituelles qui faisaient le charme des premières saisons de Sex in the city. Est-ce que Samantha aurait joué la vierge effarouchée si un chauffeur de taxi se permettait de commenter sa vie sexuelle ? Elle l’aurait simplement envoyé promener. Le dossier de presse promet un voyage intérieur avec deux âmes qui se mettent à nu. Tout, dans le film, à part son parti pris de cadre ultra serré qui rend les deux acteurs captifs et quelque part, les spectateurs aussi, sent le formatage et l’artificialité.

L’irruption des sextos ne créé pas le trouble, ne fait pas rebondir l’action mais enferme un peu plus l’héroïne dans son rôle de cruche qui se rêve femme émancipée. Dakota soupire, se mord les lèvres, lève les yeux au ciel, tapote son téléphone… Que doit-elle faire ? Ah………le suspense est insoutenable. On a beau se moquer de la dernière création télévisuelle de Darren Star (scénariste, réalisateur et producteur d’Emily in Paris) mais nul doute que l’inventeur de Sex in the city aurait trouvé matière à nous tirer larmes ou rire avec la même situation de départ. Avec Daddio, seul l’ennuie nous guette.