Anzu, chat-fantôme, De Yoko Kuno, Nobuhiro Yamashita, 21 août 2024
Anzu, chat-fantôme, présenté au festival international du film d’animation d’Annecy et aussi à la Quinzaine des cinéates à Cannes est, comme d’autres animes avant lui (Lettre à Momo, Okko et les fantômes), le récit d’un deuil, thème récurrent du cinéma japonais. Traité sous l’angle de la comédie, le motif de la perte sert aussi de moteur scénaristique propulsant Karin, jeune orpheline, dans différents lieux, à la recherche de sa mère disparue. Ce long-métrage d’animation réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita est peuplé de créatures surnaturelles : démons des enfers, animaux fantômes, et autres Yokai, la plupart du temps protecteurs. Mention spéciale à l’esprit Champignon, vraiment sympathique.
Anzu, chat-fantôme est justement l’esprit qui va veiller sur Karin, déposée chez son grand-père, moine d’un temple bouddhiste. Comme de nombreux Yokai, Anzu se révèle farceur et parfois grossier. Il adore gratifier ses opposants de pets retentissants et odorants ! Anzu, chat-fantôme, adapté d’un manga de Takashi Imashiro, puise dans le folklore nippon pour mettre en images une belle histoire de transmission filiale. Anzu sera un père de substitution pour Karin, qui sous la tutelle de ce drôle de chat irrévérencieux, gagnera en maturité et autonomie et apprendra, in fine, à aimer ses parents défaillants.
Point de narration édulcorée dans Anzu, chat-fantôme. Le moine se montre parfois colérique, le père est criblé de dettes. Quant à la maman, elle fait le ménage aux enfers ! La soif de liberté de Karin se heurte aussi aux projets plus conventionnels de son meilleur ami qui préfère se concentrer sur l’examen d’entrée à sa prestigieuse école privée. Le souci de réalité transparaît aussi dans la technique d’animation choisie : la rotoscopie. Le film a d’abord été tourné en prises de vues réelles, ce qui a permis la présence d’une quantité incroyable de détails au niveau des décors et des mouvements des personnages. Puis, l’équipe technique a dessiné image par image sur les plans sélectionnés; le générique montre d’ailleurs plusieurs décors en prises de vue réelles.
Même s’il est question de deuil, le film de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita est résolument optimiste. Les moments de tendresse alternent avec les scènes comiques et la descente aux enfers – très originale et palpitante – se solde par une course-poursuite mémorable et hilarante. Les plus petits (les moins de 8 ans) seront peut-être surpris de l’aspect parfois repoussant de certains personnages – comme le Dieu du Malheur – mais, le film constitue justement une excellente introduction aux croyances spirituelles japonaises et à la notion d’équilibre entre les mondes : celui des vivants et des morts.
Anzu, chat-fantôme, collaboration franco-japonaise grâce au partenariat entre le studio Shin-Ei (mondialement connu pour Doraemon) et Miyu Productions, se déguste comme une glace matcha, savoureuse malgré la pointe d’amertume ! A découvrir partout en France cet été !
21 août 2024 en salle | 1h34min | Aventure, Animation, Comédie
De Yoko Kuno, Nobuhiro Yamashita
|Par Shinji Imaoka
Avec Mirai Moriyama, Munetaka Aoki, Miwako Ichikawa
Titre original : Bakeneko Anzu-chan
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