Blue Giant, de Yuzuru Tachikawa, 6 mars en salle
Comment filmer la musique ? Il y a quelques années, il y avait à Paris un festival qui s’intitulait « Filmer la musique » et proposait quantité de films où la musique était le principal protagoniste. Dans Blue Giant, récit d’apprentissage de trois jeunes jazzmen, cette question est cruciale. Au fond, il y a assez peu d’enjeux narratifs dans cette adaptation d’un manga à succès de Shinichi Ishizuka, intitulé lui aussi Blue Giant. Trois lycéens forment un groupe de jazz et se prennent à rêver de gloire et de clubs prestigieux. Bien entendu, leurs personnalités sont opposées. Il y a le pianiste cérébral, le saxophoniste intuitif et le batteur maladroit et peu sûr de lui. Une fois la caractérisation et le décor – la métropole tokyoïte – posés, l’histoire suit un fil conducteur assez classique, des débuts à la fois confidentiels et difficiles aux premiers succès.
Quel est donc l’intérêt de cette énième adaptation d’un manga distribuée en France par Eurozoom ? Eh bien, tout d’abord la bande-son, composée par Hiromi Uehara, qui est un régal pour les amateurs de jazz. Les autres apprécieront peut-être moins les solos du saxophone « hurlant » (joué par Tomoaki Baba) dixit un spectateur étranger aux mystères du jazz. On a souvent tendance à considérer les fous de jazz comme des êtres un peu barbants, intellectuels, voire nerds, appartenant à un petit club d’habitués qui semblent uniquement prendre leur pied en écoutant leur musique préférée. Ce qui est finalement assez drôle et problématique dans ce film, c’est que les réfractaires au jazz y retrouveront tous les clichés qui les confortent dans leur idée d’une musique ennuyeuse… mais en même temps, c’est ce qui est beau !
Dai Miyamoto, le héros saxophoniste impulsif, joue dans la rue, les soirs de pleine lune. Le pianiste Yukinori porte un catogan et cultive sa cool attitude. Quant aux spectateurs, eh bien, ils oscillent leur tête et sont graduellement pris de spasmes limite convulsifs. Afin de signifier autrement que par le son l’énergie qui se dégage des performances des solistes et du trio, le réalisateur a multiplié les dispositifs visuels : inserts psychédéliques, aplats et flèches de couleurs vives, réfractions dans des glaçons… C’est kitch, un peu caricatural mais quand la musique est bonne…
6 mars 2024 en salle | 2h00min | Animation, Drame, Musical
De Yuzuru Tachikawa
Avec Yûki Yamada, Shôtarô Mamiya, Amane Okayama
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