Sirocco et le royaume des courants d’air, Benoît Chieux, 13 décembre 2023, en avant-première les 26 et 29 octobre Mon Premier Festival

Initialement publié le 24 octobre 2023.

Impossible de ne pas penser à Nausicaä de la Vallée du Vent du réalisateur japonais Hayao Miyazaki en découvrant Sirocco et le royaume des courants d’air (Prix du Public au Festival d’Annecy en 2023) en projection presse. Mais assez vite, malgré la présence d’un curieux opéra dirigeable et d’une cantatrice à deltaplane, on se retrouve face à un univers totalement différent. Ici, pas de message écologique. Aucune vision apocalyptique de ce que pourrait devenir notre terre. Le spectateur est face à un monde et des personnages insaisissables, aussi libres que l’air. La porosité entre le réel et l’imaginaire est telle que deux fillettes, Juliette et Carmen, sont comme aspirées dans une anthologie de contes, écrite par la meilleure amie de leur mère.

Le passage entre la maison douillette de l’auteure et le Royaume des courants d’air habité par l’ombrageux Sirocco se fait par l’intermédiaire d’une marelle. Juliette, telle Alice au pays des merveilles, suit un amusant petit jouet animé qui rappelle le lapin courant vers l’inconnu. Très vite les péripéties s’enchaînent. La cadette, enfant turbulente et maladroite, casse une étrange statue pourvoyeuse de bulles de savon qui devait être offerte à Selma, chanteuse d’opéra adulée par un peuple de batraciens. Les deux sœurs sont donc emprisonnées, condamnée pour l’une à épouser le fils du maire, un batracien à la fois laid et stupide, et pour l’autre à servir Selma. Si les enfants s’identifieront volontiers aux deux jeunes héroïnes, la star incontestée du film n’est point Sirocco, figure menaçante et évanescente, mais Selma, ex-scientifique experte en vents reconvertie diva de l’opéra.

Au cœur du récit, il y a deux histoires d’amour mélancoliques. La première, qui structure les aventures de Juliette et Carmen, est l’amour familial entre Agnès, l’écrivain, et sa sœur disparue, Selma, qu’elle ressuscite dans les aventures du Royaume des courants d’air. La deuxième, qui rythme les rebondissements, est la passion dévorante de Sirocco pour Selma. Un amour impossible car destructeur mais qui trouve néanmoins une manière de s’exprimer à la toute fin du film.

Caractérisé par un univers à la fois loufoque (le village des batraciens, la flotte de volatiles…) et éminemment poétique – comme cette jonction dans le ciel des deux univers, réel et fictionnel – Sirocco et le royaume des courants d’air, réalisé par Benoît Chieux, a bénéficié de la plume d’Alain Gagnol, romancier de polars mais aussi coréalisateur avec Jean-Loup Felicioli de nombreux films d’animation dont Nina et le secret du hérisson (qui a aussi fait l’objet d’une critique dans Cinescribe). A travers le personnage de Selma, cantatrice, la musique, composée par Pablo Pico (qui avait déjà composé la bande son d’un autre long-métrage d’animation primé à Annecy, L’extraordinaire Voyage de Marona de Anca Damian), donne corps à cette belle réflexion sur les multiples manifestations du souffle : respiration, vent, principe de vie

Sirocco et le royaume des courants d’air sera projeté en avant-première au festival Mon Premier Festival : le 26 octobre à 10h15, au Cinéma des cinéastes et le 29 octobre à 11h au Louxor. Allez-y, vous ne le regretterez pas !

13 décembre 2023 en salle / Animation
De Benoît Chieux
Par Benoît Chieux, Alain Gagnol

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