La critique super méchante : Backstreet dogs, Josh Greenbaum, prochainement
La sortie française de Backstreet Dogs (dont le titre original est Strays) a été repoussée à plusieurs reprises. Pas étonnant pour un film qui échappe à toute segmentation marketing. A la lecture du synopsis, on songe à Babe, le cochon devenu berger, succès public et critique planétaire qui remporta l’Oscar des meilleurs effets visuels. A l’époque de la sortie de Babe, en 1995, tourner un film avec de véritables animaux qui parlent était un défi technique. D’ailleurs, le film mélangeait prises de vues avec animaux et animatroniques créés par le Studio de Jim Henson.
Depuis, les animateurs et réalisateurs font de plus en plus appel au CGI (Computer Generated Imagery) et les mouvements de lèvres (ou plutôt de babines) des chiens du film réalisé par Josh Greenbaum ont été traités ainsi. Le résultat est bluffant : le spectateur a vraiment l’impression de voir des canidés exprimer leurs peurs, espoirs et envies dans le langage humain. Cette histoire de chien abandonné qui prétend partir à la recherche de son maître pour se venger (mais ne serait-ce pas pour échapper à une vie de chien errant ?) aurait pu faire un excellent divertissement familial.
Sauf que Josh Greenbaum a truffé son récit d’allusions sexuelles pour le moins explicites, de gags visuels priapiques; à tel point qu’on est en droit de se demander si la récurrence d’érections canines ne refléterait pas quelques tendances zoophiles. A qui s’adresse Backstreet Dogs ? Nous ne sommes pas parvenus à répondre à cette question. Le très sérieux critique britannique Peter Bradshaw du non moins sérieux quotidien The Guardian a visiblement beaucoup ri et attribue quatre étoiles sur 5 au film qu’il qualifie de divertissement trash pour stoners (comprendre personnes qui abusent de substances prohibées). L’humour outrancier et vulgaire ou le héros drogué interprété par Will Forte rappellent des films comme 40 ans, toujours puceau de Judd Apatow qui coréalisa aussi avec Seth Rogen Pineapple Express, autre grosse pochade toute en finesse.
Mais le film aurait peu-être gagné à être plus lisible et segmenté en unifiant tons et points de vue. Quand Backstreet dogs évoque le traumatisme de l’abandon, il sonne juste et recèle de vrais moments d’émotion à partager en famille. Las, quand il accumule les blagues graveleuses, il en devient obscène et franchement lourd. Pourtant, tout n’est pas à jeter ! Le doublage, assuré par Jamie Foxx, Will Ferrell et Isla Fisher est excellent. On appréciera aussi les clins d’oeil ironiques à d’autres films avec des chiens narrateurs (Dans les yeux d’Enzo) qui sont très pertinents mais aussi trop subtils pour le public de stoners auquel Peter Bradshaw faisait allusion. Au final donc, un film qui n’est pas si bête que ça mais qui à force de mélanger les genres et les tons devient une sorte d’OVNI trash super déroutant.
Prochainement / 1h33min / Comédie, Aventure
De Josh Greenbaum
Par Dan Perrault
Avec Will Ferrell, Jamie Foxx, Randall Park
Titre original : Strays
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