Nina et le secret du hérisson, Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli, le 11 octobre
Que se passe-t-il pour les enfants dont les parents perdent subitement leur emploi suite à une fermeture d’usine ? Le duo de réalisateurs Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli s’est emparé de cette question malheureusement d’actualité pour sortir un nouveau long-métrage sous la forme d’une enquête menée tambour battant par une petite fille, son meilleur ami et un hérisson imaginaire.
Dans les films des deux animateurs issus du studio Folimage, le drame côtoie toujours une joyeuse folie douce. Le héros de Phantom Boy était atteint d’une grave maladie qui l’amenuisait de jour en jour, mais lui offrait aussi le pouvoir de se dédoubler en quittant son corps, devenant ainsi un fantôme capable de voler en traversant les murs. L’attrait pour le fantastique et les atmosphères mystérieuses se retrouve dans les romans policiers d’Alain Gagnol qui a signé plusieurs titres pour les éditions Gallimard et Le Cherche Midi.
L’extrême douceur du trait et des pastels de Jean-Loup Felicioli viennent mitiger les éléments narratifs qui pourraient se révéler angoissants. Certes, l’usine désaffectée, gardée par un garde « ripou » et un molosse toutes dents dehors, rappelle étrangement la demeure délabrée de l’ogre. Mais, à l’instar des autres jeunes héros mis en scène par Gagnol et Felicioli, Nina et Mehdi sont pleins de ressources. Armés d’un imaginaire qui défie les lois du management capitaliste, ils parviennent à enquêter sur la mystérieuse usine et à travers leurs péripéties, à extraire leurs parents de la dépression.
L’intérêt du film, outre sa dimension de récit policier, est de dépeindre avec beaucoup de justesse et subtilité les relations parents-enfants et les conséquences que peuvent avoir la corruption ou des politiques économiques pernicieuses pour le bien-être de la communauté. Le papa de Nina est-il l’alter-ego des réalisateurs ? Peut-être… Dans tous les cas, il dessine et raconte des histoires pour sa petite fille qui grandit dans un climat de bienveillance et d’amour. A la fermeture de l’usine, les histoires s’arrêtent et le hérisson imaginaire prend le relais pour redonner le sourire à Nina.
Ode au pouvoir de l’imagination et à la solidarité, Nina et le secret du hérisson alterne séquences dans un présent contemporain et animations jazzy très 1930’s avec un hérisson qui n’est pas sans rappeler le Mickey de Steamboat Willy. Une manière d’insuffler une légèreté bienvenue dans un monde où les lois du marché ont remplacé les valeurs du cœur.
Plus de 60 avant-premières sont programmées dans les jours à venir…
11 octobre 2023 en salle / 1h18min / Animation
De Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli
Avec Audrey Tautou, Guillaume Canet, Guillaume Bats
1 réponse
[…] polars mais aussi coréalisateur avec Jean-Loup Felicioli de nombreux films d’animation dont Nina et le secret du hérisson (qui a aussi fait l’objet d’une critique dans Cinescribe). A travers le personnage de […]