Sick of myself, Kristoffer Borgli, 31 mai

Attention : film éprouvant ! Flirtant avec les codes du body horror, Sick of myself, comédie norvégienne acerbe, est la lointaine cousine d’un Cronenberg, qui serait devenu adepte de l’automutilation et addict aux réseaux sociaux. Soit Singe, jeune femme borderline en mal d’attention, interprétée par Kristine Kujath Thorp, qu’on avait déjà repérée dans Ninja Baby, comédie norvégienne croquignolette sur la résilience et la maternité, aux antipodes de la monstruosité filmique qu’est Sick of myself. Qu’on soit clair, ce premier film du réalisateur Kristoffer Borgli est loin d’être raté. Le scenario est à la fois original et habilement transposé à l’écran. Mais la critique sociale est si féroce (et rondement menée) qu’on en sort écœuré.

Signe en a marre de rester dans l’ombre de son compagnon, étoile montante sur le marché de l’art contemporain norvégien et elle décide donc d’ingurgiter une substance médicamenteuse hautement toxique que l’on se procure via le dark web. Les effets sont quasi immédiats après ingestion : perte des cheveux, irruptions cutanées et surtout desquamation. Vous me suivez ? Borgli ne nous épargne rien et la métamorphose de Singe qui ne se satisfait pas de son premier quart d’heure de gloire vire au grand-guignolesque limite gore.

Si comme moi, le moindre bouton vous dégoûte, passez votre chemin… ou bien fermez les yeux à chacune des apparitions de Signe à l’écran. Le film, outrancier dans sa forme et son fond, a néanmoins le mérite de dénoncer les effets des réseaux sociaux sur l’estime de soi des personnes fragiles. Et même si vous êtes étranger au monde de l’art contemporain, le couple formé à l’écran vous rappellera peut-être ces pseudo « power couples » parmi vos connaissances, parfaits à l’écran mais consumés par la haine et la mesquinerie, côté coulisses.

Au delà de l’aspect purement comique de l’idée initiale, Sick of myself est le récit d’une double maltraitance. Celle que Singe s’inflige en avalant ses cachets mais aussi celle que Thomas, par petites touches méprisantes, impose à Singe, à la fois groupie, faire-valoir ridicule et complice dans le crime (il lui fait voler des objets et du mobilier qu’il transforme ensuite en « œuvres d’art »). Comme avec le lumineux Ninja Baby, l’actrice compose un personnage de femme complexe mais ici, version super glauque, au service d’une entreprise de dynamitage de la vision d’une société norvégienne proprette et à la pointe du progrès social. Kristoffer Borgli est assurément un réalisateur prometteur.

31 mai 2023 en salle / 1h37min / Comédie dramatique
De Kristoffer Borgli
Avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Sæther, Fanny Vaager

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